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Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Les frontières sociolinguistiques du sujet : disons, c'est-à-dire, je veux dire

Résumé

La question des frontières est au coeur de la réflexion sociolinguistique. La figure de la frontière n'est pas seulement une ligne de séparation, une démarcation, une limite ; elle induit le franchissement et la mobilité. Elle renvoie à des jeux ambivalents entre liaisons et séparations, transitions et ruptures, dehors et dedans, protection et disqualification, enfermement et transgression, inclusion et exclusion. Dans la perspective d'une sociolinguistique des contacts de langues 1 , la frontière est considérée dans son extériorité au sujet parlant 2 , construction entre les Etats et les territoires, entre les groupes, les communautés de pratiques (Lave et Wenger 1991) et de parole (Hymes 1972). En tant que frontière ethnolinguistique (Barth 1969), elle est constitutive de cette sociolinguistique et des façons d'appréhender les pratiques et la variabilité langagières, quand elle renseigne sur les processus sociaux d'inclusion et d'exclusion, de domination, de normes et d'inégalité en jeu dans le champ social. La frontière peut alors s'appréhender en fonction des majorités et minorités dans des rapports de pouvoir, ou à travers des identités sociales qui s'élaborent et se mettent en scène par les pratiques langagières. En allant dans une autre direction, peut-être moins attendue et entendue, celle d'une sociolinguistique du sujet, j'ai choisi ici de me pencher sur les frontières symboliques intérieures de l'individu pris dans la complexité de ses identités en changement et en mouvement dans un contexte social. Les déplacements intérieurs à soi peuvent alors se dire par des marques langagières subjectives, d'hybridation, d'informatisation, de stylisation, de jeux de normes, mais aussi, comme ce sera le cas ici, par des indices de reformulation, tels que les formes disons, c'est-à-dire, je veux dire. Je voudrais explorer ces formes de ruptures et de franchissements, qui se dessinent donc à travers le sujet psychique en prise avec sa propre énonciation, le sujet en interaction avec un 1 En France, historiquement, la sociolinguistique du contact des langues et du plurilinguisme s'est développée dans les années 1970 avec les créolistes et dans la mouvance des études sur la diglossie occitane. Elle est l'héritière des approches sur les langues minoritaires dans des perspectives aménagementistes et diglossiques sans s'inscrire dans une conception à tendance structuraliste de la langue comme l'est la sociologie du langage prise dans les traces de Fishman en Amérique du Nord. Elle s'est définie aussi depuis Weinreich autour des recherches sur le bilinguisme individuel et sociétal et, plus tard, autour de l'alternance de codes et de l'ethnographie de la communication. Aujourd'hui, en prise avec les phénomènes de mondialisation elle s'est largement étendue dans son acception (Simonin et Wharton 2013), du plurilinguisme à la sociolinguistique de la migration par exemple. 2 À mon sens, cette sociolinguistique du contact se caractérise par le fait qu'elle considère avant tout le sujet dans sa dimension d'appartenance ethnique et sociale sans considérer ni sa part individuelle ni sa part psychique.

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Linguistique
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hal-01950951 , version 1 (18-12-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01950951 , version 1

Citer

Claudine Moïse. Les frontières sociolinguistiques du sujet : disons, c'est-à-dire, je veux dire. Michelle Auzanneau et Luca Greco. Dessiner les frontières, ENS Editions, pp.156-171, 2017. ⟨hal-01950951⟩
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