Identification des caractéristiques individuelles associées à la sous-déclaration dans les Antilles françaises
Résumé
Introduction et but de l’étude: La sous-déclaration énergétique, c’est-à-dire des personnes ayant un apport énergétique déclaré inférieur à leur besoin énergétique minimal, est un véritable problème dans les études d’épidémiologie nutritionnelle car elle peut modifier les associations entre l’alimentation et l’état de santé. Les rares études menées dans les Antilles françaises montrent un fort pourcentage de sous-déclarants énergétiques, cependant, la seule étude les ayant caractérisés utilisait des équations non adaptées à des sujets obèses. Or, de fortes prévalence d’obésité sont observées dans les Antilles françaises. Nous avons donc caractérisé les participants sous-déclarants avec des équations adaptées et identifié les caractéristiques individuelles associées à cette sous-déclaration afin de la prévenir lors de futures études nutritionnelles dans les Antilles françaises.
Matériel et méthodes: L’étude portait sur les données de l’étude Kannari, étude épidémiologique transversale à visée représentative en Guadeloupe et Martinique en 2013-2014. La méthode proposée par Black a été utilisée pour l’identification des sous-déclarants énergétiques et les équations de Mifflin ont été utilisées pour le calcul du basal metabolic rate (BMR) en fonction du poids, de la taille et du sexe. Les apports énergétiques ont été estimés grâce à des rappels de 24h. Les caractéristiques individuelles (âge, sexe, situation professionnelle, niveau d’éducation, indice de masse corporelle (IMC)) associées à la sous-déclaration ont été évaluées par des modèles de régressions logistiques, ajusté sur l’apport énergétique et le département de résidence (Guadeloupe ou Martinique).
Résultats et Analyse statistique : Parmi les 1341 participants ayant un rappel de 24h, 15% ont été identifiés comme sous-déclarants énergétiques. Les hommes avaient une probabilité plus élevée de sous-déclarer leurs consommations alimentaires que les femmes (OR = 9,3 ; IC95% = [5,7 – 15,2]). La probabilité de sous-déclaration diminuait avec l’âge (OR46-60 vs. ≤45 ans = 0,5 ; IC95% = [0,3 – 0,8] et OR>60 vs. ≤45 ans = 0,2 ; IC95% = [0,1 – 0,5]) et augmentait avec le niveau d’éducation (ORsecondaire vs. primaire= 1,7 ; IC95% = [1,0 – 2,8] et ORsupérieur vs. primaire = 2,1 ; IC95% = [1,3 – 3,6]) et avec l’IMC (ORsurpoids vs. normal = 2,8 ; IC95% = [1,7 – 4,7] et ORobésité vs. normal = 5,3 ; IC95% = [3,1 – 8,9]).
Conclusion: Malgré une attention particulière apportée aux rappels de 24h lors de l’enquête Kannari, de nombreux participants étaient sous-déclarants. L’identification des caractéristiques individuelles de la sous-déclaration a permis d’identifier des sous-populations plus à susceptibles d’être sous-déclarants qui devront faire l’objet d’une attention particulière lors des futures études nutritionnelles dans les Antilles françaises.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
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