Le Brevet Sportif Populaire et ses évolutions réglementaires (1937-1967) : une régulation au service de la sportivisation de l’éducation physique scolaire ?
Résumé
Parmi les épreuves de propagande sportive organisées à l’école, le Brevet Sportif Populaire (BSP) incarne sans doute celle répondant le mieux à la volonté de promouvoir un athlétisme de masse (Attali & Saint-Martin, 2010 ; Fortune, 2012). Au moins pour cette raison, l’importance qu’il occupe dans l’éducation physique scolaire mérite donc que l’on s’y attarde, et ce, d’autant plus que l’on cherche à en lire l’histoire à travers le prisme des processus de régulation. En effet, institué par le décret du 10 mars 1937, le BSP constitue, avec les congés payés, une ligne majeure de l’œuvre politique menée par le Front Populaire en matière de sport et de loisir (Ory, 1994). Mais dans les faits, son objectif prioritaire demeure avant tout de permettre une surveillance étroite de l’état de santé des enfants scolarisés (Andrieu, 1987). Sur fond d’athlétisme complet, sa création s’enracine alors autour de quatre objectifs majeurs : le développement du sport de masse, la lutte contre la dégénérescence physique, le plein usage des équipements et la préservation du pays contre la menace extérieure (Lassus, 2007). Mais sous l’effet d’un contexte changeant à l’après-guerre et des politiques de sportivisation de l’EP, le BSP évolue dans ses réglements, témoignant qu’une forme de régulation exercée par les pouvoirs publics est à l’œuvre, dans le but d’en assurer la pérennité tout en transformant son identité originelle. Quels acteurs sont au cœur de ces changements ? Que proposent-ils et pourquoi ? Quelles résistances peut-on repérer ? À travers une étude des règlements de l’épreuve, cette communication invite à cerner les enjeux liés à ses réformes et de voir en quoi celles-ci participent d’un processus de sportivisation du brevet, mais aussi, plus largement, de l’EP.