Quelques réflexions sur les auteurs de littérature philosophique clandestine
Résumé
Tous les chercheurs n'ont pas la chance de prendre part à l'émergence d'un nouveau champ de recherche et de le voir non seulement se confirmer mais aussi se développer de manière aussi convaincante que ne l'ont fait les études sur la littérature philosophique clandestine depuis ces trente dernières années. Bien évidemment, il faut remonter à Gustave Lanson 1 et à la première liste de manuscrits polémiques qu'il établit et dans lesquels il perçoit, à juste titre, les sources de nombreuses idées clés des Lumières, pour trouver le point de départ de cette nouvelle « histoire de l'esprit philosophique en France avant 1750 » que la littérature philosophique clandestine a permis depuis d'écrire. Cette publication, véritable acte de naissance de l'un des champs de recherche les plus florissants des dernières années, ne fait pourtant qu'ébaucher les grandes lignes méthodologiques et épistémologiques d'une enquête d'autant plus complexe que le corpus même sur lequel elle porte est alors à peine connu et que les premiers titres répertoriés soulèvent plus de questions qu'il n'apportent de réponses 2. Le travail d'Ira O. Wade 3 , en 1938, permettra non seulement de confirmer l'importance des intuitions et des propositions de Lanson mais d'en mesurer l'ampleur : son enquête dans les bibliothèques françaises, à Paris et en province, confirme non seulement l'existence et la solidité de ce corpus primitif, mais en démontre l'étendue par le nombre significatif de copies manuscrites que la première liste établie par Lanson n'avait pas signalées. Les résultats de cette enquête permettent à son auteur de formuler les premières théories explicatives quant au phénomène même de la clandestinité philosophique, notion qui émerge d'ailleurs sous la plume du chercheur américain
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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