Compte-rendu : Peter Struck, Divination and Human Nature. A Cognitive History of Intuition in Classical Antiquity, (2016), Princeton University Press, 288 p. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Topoi Orient - Occident Année : 2017

Compte-rendu : Peter Struck, Divination and Human Nature. A Cognitive History of Intuition in Classical Antiquity, (2016), Princeton University Press, 288 p.

Résumé

Après avoir co-edité en 2005 avec Sarah Iles Johnston le volume Mantikê. Studies in Ancient Divination, où il avait amorcé une étude comparée des fonctionnements de l'allégorie et de la divination, c'est avec un ouvrage au titre ambitieux que Peter Struck s'intéresse de nouveau au phénomène mantique dans la Grèce ancienne. Contrairement à ce que ce dernier pourrait laisser imaginer cependant, il ne s'agit ni véritablement d'un ouvrage d'anthropologie éclairant la nature humaine, ni même d'un ouvrage de sciences cognitives qui analyserait les rouages de l'esprit au travail dans la révélation, mais bien plutôt d'une synthèse d'histoire des idées, s'attachant à évaluer quelle pouvait être la place du phénomène de la divination dans quatre systèmes philosophiques antiques, le platonisme, l'aristotélisme, le stoïcisme et le néoplatonisme. Il s'inscrit donc, de manière revendiquée (13), dans la lignée de Friedrich Pfeffer et ses Studien zur Mantik der Philosophie der Antike (1976), en en reprenant en partie le déroulement chronologique, à l'exception de son analyse de la pensée aristotélicienne, absente de l'ouvrage allemand. L'intérêt de l'ouvrage tient à la thèse que Peter Struck y défend : la divination serait la manière dont les Grecs appréhendaient un mode de connaissance instinctif ne relevant pas de l'usage de la raison, que nous appelons aujourd'hui intuition. La divination ne serait in fine que l'allégorie antique de l'intuition. La démonstration de cette théorie dans l'ouvrage s'organise en six étapes. Après avoir mis en relation les notions de divination et d'intuition dans une longue introduction (1-36), Peter Struck explore la manière dont les références que Platon fait à la divination peuvent être liées à l'idée d'une connaissance non-discursive (37-90), dont Aristote explique la pertinence des prédictions liées aux rêves (91-170), dont les Stoïciens pouvaient théoriser une telle connaissance, extra-sensorielle, dans un système philosophique matérialiste (171-214), et dont Jamblique et les néoplatoniciens ont pu distinguer les premiers une intuition humaine d'une divination proprement divine (215-250). Ces quatre études, peu reliées entre elles, ne sont malheureusement pas le lieu de conclusions systématiques qui auraient permis à l'auteur de mieux asseoir sa thèse : le symptôme le plus évident de cette faiblesse dans la progression de l'argumentation est sans nul doute à trouver dans la conclusion, « Reconsidering Penelope » (251-262), qui loin d'être le lieu de la synthèse des idées développées et de leur évaluation critique, construit, au mépris de toute progression historique ou logique, une lecture allégorique de Pénélope comme femme d'intuition, en s'appuyant sur les rêves prémonitoires qu'elle fait sur le retour d'Ulysse.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01901995 , version 1 (24-02-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01901995 , version 1

Citer

Manfred Lesgourgues, Peter Struck. Compte-rendu : Peter Struck, Divination and Human Nature. A Cognitive History of Intuition in Classical Antiquity, (2016), Princeton University Press, 288 p.. Topoi Orient - Occident, 2017, 2 (21). ⟨hal-01901995⟩
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