La situation juridique de la femme syrienne ou l'émancipation au prisme du politique: un statut fragile et minorisant
Résumé
Les études sur les conditions juridiques de la femme dans les sociétés arabes ont souvent emprunté une grille de lecture essentialiste et culturaliste, faisant porter au texte religieux et plus particulièrement à l’islam la responsabilité de son exclusion, de son statut discriminatoire et minorisant. Certes l’islam, à travers la consécration de la Charia comme source de législation dans les textes constitutionnels, intègre le système juridique comme cadre « principal » orientant les lois et les réformes, notamment celles qui régissent le statut de la femme. Le fiqh « droit islamique » qui inspire les dispositions relatives aux statuts personnels a un impact direct sur les conditions juridiques des femmes, favorise le maintien de la femme dans une situation d’instabilité et d’infériorité (dépendance par rapport à son tuteur, autorisation de l’époux pour exercer une activité professionnelle…) et consacre légalement une précarité juridique (succession, polygamie, répudiation…).En Syrie, gouverné par le Baath depuis 1963, un parti politique laïcisant et en faveur de la libération des femmes, les conditions de la femme n’ont évolué que très peu. Si la femme syrienne a pu profiter du processus de modernisation entamé sous le Baath (alphabétisation, accès à l’emploi et à l’éducation, intégration dans le processus de développement…), la politique réformatrice juridique syrienne à l’égard de la femme reste en deçà des discours officiels affichés et de l’image que le régime syrien notamment celui des Assad essaie de donner de lui-même notamment en direction de l’opinion occidentale.