, est désormais inopérant parce qu'il mêle représentations et pratiques, modes concrets de vie et idéologies dans une grande confusion pré-théorique dont on ne saurait même plus dire si tout cela relève de la philosophie idéaliste, de la phénoménologie ou du post-modernisme. Il se pourrait bien que ce soit les trois à la fois mais dans un grand désordre intellectuel et un impensé théorique. Pour paraphraser Marx, qui voulait remettre la dialectique de Hegel sur ses pieds, c'est-à-dire sur la matérialité de la vie pratique des hommes et de leurs rapports économiques et sociaux, on pourrait de la même façon remettre la culture sur ses pieds en s'intéressant d'abord aux pratiques et à l'histoire ainsi que le propose Bensa. Comme il l'écrit : « en assignant les comportements à une seule vignette collective (les océaniens, les universitaires, les syndicalistes, etc.) on construit une entité abstraite qu'on affuble d'un costume appelé « culture, « rejeter tout culturalisme pour repenser les pratiques dans les termes d'une anthropologie politique historicisée et généralisée » (Ibid : 136). Le concept de culture, même requalifié de « complexe, p.137

, Dans un contexte intellectuel qui place les « différences », et notamment les « différences culturelles », au-dessus de tout, le relativisme culturel interdit toute approche qui pourrait apporter un point de vue critique sur une culture, surtout s'il est suspecté d'ethnocentrisme. Les approches interculturelles sont alors réduites à n'être plus qu'une « sensibilisation » aux différences, une capacité de décentration et, selon la conception en vogue aujourd'hui, une approche réflexive, bref, à peine davantage qu'un supplément d'âme didactique. Comme l'écrit encore Bensa « les relations amicales, intellectuelles et affectives nouées sur le terrain prouvent que les clivages culturels ne sont que des tigres de papier. La communication entre les humains se fait par-delà l'illusion culturaliste » (Bensa 138). Et si, en effet, il s'agissait, plutôt que de chercher encore et toujours des différences, y compris là où elles n'existent pas, de chercher les ressemblances, les similitudes, les transversaux, les universaux ? Et si, La conception de la culture s'est dématérialisée et s'intéresse de fait surtout aux représentations, aux visions du monde qui possèdent certes leur importance mais qui sont elles-mêmes le produit des conditions de vie concrètes, des rapports sociaux, de l'histoire

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