E. Développe, non seulement Artus est bon charpentier (la formule n'est pas originale) mais en plus il fait de grands coipiaux (f. 85), et il conseille à un chevalier qu'il a abattu et qui ne peut se

. Au-neveu-du-duc-qui-le-menace, Artus fait remarquer qu'il promet beaucoup mais qu'il ne sait s'il pourra payer (f. 60) et plus loin Gouvernau trouve qu'Artus est bon despensier et qu'il donne plus que ses ennemis

, proche de ces multiples échos dont se nourrit la littérature romanesque d'alors, comme dans le cas des emprunts au Graal que nous avons signalés, mais elle peut aussi être évidente et développée: ainsi le vilain joue le rôle du héraut du tournoi de Noauz dans le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes auquel il emprunte son cri (f. 65) Nous le voyons en effet un levier au cou, escourciez si que ses braies li paroient par dessous (f. 65), le chaperon sur les épaules, marchant d'un pas vif, regardant par terre sans voir personne, répétant son cri devant le roi «or est il venus qui aunera» 32 (f. 67) Cette parodie reste cependant isolée, la récriture n'est qu'un moment isolé du récit, Ce goût pour le jeu verbal mène logiquement à la parodie. Celle-ci peut être discrète

E. Est-le-plus-souvent-au-service-du-burlesque-le-comique-culinaire,-dont and E. R. , Curtius suit le cheminement de l'Antiquité au Moyen Age 33 , particulièrement explicite dans la chanson de geste à travers le personnage de Raynouart 34 , joue de même sur le burlesque dans notre texte. Le vilain jette Roger dans la chaudière bouillante que les cuisiniers préparent pour ébouillanter Artus et s'écrie qu'il est mal cuit, sans sel, trop dur, qu'il faut le mettre à la broche (f. 57) Assiégé par le Duc de Bigorre qui veut de sa main écorcher Artus et les siens et les saler (f. 49v), Baudouin et Jaquet repèrent la cuisine des lieux, sentent le rost et Baudouin soupire qu'il serait volontiers keux pour s'occuper d'un tel repas. Baudouin conseille à ses compagnons de boire cette fumée qui leur fera passer la faim. De la tour, les prisonniers entendent les mortiers, les serviteurs qui réclament vins et épices, Gouvernau tournerait volontiers la broche et Artus aimerait bien mettre du sel dans la poree

, Le burlesque est une façon de tempérer l'écriture: chaque excès appelle son contraire dans un mouvement de retournement. Finalement le roman joue sur la variété: parce que celle-ci est divertissante

, Il s'agit du cri du héraut annonçant Lancelot venu incognito au tournoi de Noauz. Le verbe auner signifie "mesurer à l'aune" et au figuré "frapper", "châtier" et peut-être "mesurer justement, Or est venuz qui l'aunera, 1981.

T. I. Lods, Sur ce cri, voir C. Ferlampin-Acher, «Les tournois chez Chrétien de Troyes: l'art de l'esquive», dans Amour et chevalerie dans les romans de Chrétien de Troyes, pp.393-409, 1978.

. La-littérature-européenne and . Le-moyen-age-latin, , pp.210-216, 1956.

G. Voir and . Gros, «Rainouart aux cuisines ou les enfances d'un héros», dans Burlesque et dérision dans les épopées de l'Occident médiéval, éd. B. Guidot, -ss et R. Lejeune, «La naissance du couple littéraire Guillaume d'Orange et Rainouart au tinel», pp.111-150, 1970.

, la massue (f. 22v), ou l'espare de banc (f. 37) Le monde romanesque se trouve élargi: il va de l'Orient où des hommes qui en ont la couleur produisent le poivre, à la cuisine où on consomme celui-ci; il englobe la terre des fées, celle des héros, et celle des cuisiniers. Grande est la faute de ceux qui refusent sa diversité: l'empereur d'Inde qui considère que la croyance aux fées n'est que fanfelue est condamné (f. 14) Dans ce monde multiple la diversité n'est pas perçue comme une menace car c'est une puissance féerique et bienveillante qui régit le monde. Dieu reste discret, parce que le Diable est absent. Les versions longues du XVème siècle 35 ne comprendront plus ce roman heureux: le clerc ne sera plus un idéal tempéré, mais une figure anachronique et diabolisée. Multipliant les aventures dans un univers manichéen, s'épuisant dans une surenchère permanente, et ce que la littérature de colportage retrouvera -en partie seulement il est vrai-, ce ne sera pas elles (est-ce le hasard des manuscrits ?), mais la version première

, C. Ferlampin-Acher