La voix des saints ? La nouvelle image de la rééducation des jeunes "délinquants". Analyse des journaux et des écrits des établissements d'éducation surveillée en France et au Québec de 1945 à 1970 - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2016

La voix des saints ? La nouvelle image de la rééducation des jeunes "délinquants". Analyse des journaux et des écrits des établissements d'éducation surveillée en France et au Québec de 1945 à 1970

Valentin Taveau
Eric Pierre
  • Fonction : Directeur scientifique
  • PersonId : 737423
  • IdHAL : eric-pierre
David Niget

Résumé

From the mid-forties, in France and Quebec, governments adopted a new legislation in favour of the protection and the education of children in “moral and physical danger”, judged as “maladjusted” or sentenced as “delinquents”. These laws, more than a break point into “irregular children” conceptions and practices, illustrate the political, economical, cultural and social changes which affected western societies after World War II.

The public and private institutions in charge of the education and rehabilitation of minors under justice were not left aside by all these mutations. Responsible of boys and girls sentenced by justice since the middle of the 19th century, the “workhouses” and “reformatories” were deeply put in question during the interwar years, a period of time when the children’s rights were proclaimed and awareness campaigns denounced the living conditions of the young people in “children jails”. The States revised their legislation while institutions were reformed to be adapted to the new regulations which were more protectionist and educational for the youth.

During this movement of social intervention in favour of the “irregular youth”, several voices expressed themselves about education for “irregular children” with the help of magazines. Some educational institutions published their own magazines to explain and promote their re- educational policies. In France and Quebec, two important institutions, well-known among the reformatories for delinquent minors since 1873, published a magazine from 1945. These two institutions were : Saint-Maurice public institution of supervised education, in Loir-et-Cher department, and Mont-Saint-Antoine Brothers of Charity private school, in Montreal. Saint-Maurice, an institution reformed since 1938, published Espère, a monthly magazine of “the boys of Saint-Maurice”, from 1945 to 1970. The young “delinquents” described their lives among the groups, their apprenticeships, and their leisure and sport practices. They also told the events which monthly took place in the

institution. Therefore the youngsters could express themselves. The Brothers of Charity also published a magazine at the Mont-Saint- Antoine, Le petit courrier then le courrier du Mont-Saint-Antoine, where they presented their school, the life of young “Catholic boys” among groups and workshops, the events and the support they got. The clergymen gave their opinion on the delinquency and re-education with a reference to their long experience with the “unfortunate childhood”. The magazines were the official expression of the two institutions: the first one focused on the young boys whereas the second one underlined its skill and efficiency. In both cases, the magazines drew a new portrait of supervised education schools.

The aim of this work is to demonstrate in what ways the institutional magazines demonstrated the investment of their institutions into a new way for re-education, with a compared study of the sources from Saint-Maurice and the Mont-Saint-Antoine, from 1945 to 1970.

A partir du milieu des années 1940, en France et au Québec, les gouvernements adoptent une législation en faveur de la protection et de l’éducation des enfants « en danger moral et physique », jugés « inadaptés » ou condamnés comme « délinquants ». Ces lois, plus que des ruptures dans les conceptions et pratiques relatives à l’enfance « irrégulière », sont de véritables témoins des changements politiques, économiques, culturels et sociaux qui affectent les sociétés occidentales d’après-guerre.

Les institutions publiques et privées en charge de l’éducation et de la réhabilitation des mineurs de justice ne sont pas épargnées par ces mutations de tout ordre. Responsables de jeunes garçons et de jeunes filles condamnés par la justice et ce depuis le milieu du XIXe siècle, les « maisons de correction » ou « écoles de réforme » sont vivement remises en causes dans l’entre-deux-guerres, période durant laquelle les droits de l’enfant sont proclamés et où des campagnes de presse dénoncent les conditions de vie des jeunes dans ces « bagnes pour enfants ». Les États revoient leur législation tandis que les institutions sont réformées afin de s’adapter à de nouvelles exigences plus protectrices et éducatives envers la jeunesse.

Dans ce mouvement de structuration de l’intervention sociale auprès de la jeunesse « irrégulière », plusieurs voix s’expriment à travers des revues sur l’éducation des « irréguliers ». Quelques institutions d’éducation publient également leur propre journal dans un souci de transparence et de promotion de leur politique rééducative. En France et au Québec, deux institutions très importantes et ancrées depuis 1873 dans le paysage des établissements de corrections pour mineurs délinquants éditent à partir de 1945 un journal : l’institution publique d’éducation surveillée Saint-Maurice, dans le Loir-et-Cher, et l’institut privé des Frères de la Charité du Mont-Saint-Antoine, à Montréal. Saint-Maurice, établissement réformé dès 1938, publie mensuellement Espère, journal des « gars de Saint-Maurice », de 1945 à 1970. Les jeunes « délinquants » décrivent alors leur vie dans les groupes, leur apprentissage, leurs pratiques des loisirs et sportives. Ils témoignent aussi des événements mensuels survenus à l’institution. La voix des jeunes s’expriment alors. Les Frères de la Charité publient également au Mont- Saint-Antoine un journal, Le petit courrier puis le courrier du Mont-Saint-Antoine, dans lequel ils présentent leur établissement, la vie des jeunes « garçons catholiques » dans les groupes et ateliers, les événements et soutiens dont ils bénéficient. Les religieux donnent leur opinion sur la délinquance et la rééducation en se basant sur leur longue expérience auprès de l’enfance«malheureuse». Les deux journaux sont les voix d’expression officielle des institutions : l’une y associe ses jeunes tandis que l’autre tend à y démontrer son expertise et son efficience. Dans les deux cas, les journaux dressent un nouveau portrait des institutions d’éducation surveillée. Ce travail cherche à démontrer en quoi les journaux institutionnels témoignent-ils de l’inscription de leur établissement dans une nouvelle voie de la rééducation, à l’étude croisée des sources sur Saint-Maurice et le Mont-Saint-Antoine, de 1945 à 1970.

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Valentin Taveau, Eric Pierre, David Niget. La voix des saints ? La nouvelle image de la rééducation des jeunes "délinquants". Analyse des journaux et des écrits des établissements d'éducation surveillée en France et au Québec de 1945 à 1970. [Travaux universitaires] Université d'Angers. 2016, pp.249. ⟨hal-01824476⟩
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