Que nous arrive-t-il quand nous parlons ? Parole, enaction, malentendu - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Que nous arrive-t-il quand nous parlons ? Parole, enaction, malentendu

Résumé

Que nous arrive-t-il quand nous parlons ? Parole, enaction, malentendu Le malentendu se définit a priori comme une différence d'appréciation entre deux individus, divergence qui échappe momentanément aux partenaires jusqu'à ce que la divergence souit constatée par l'un d'entre eux au moins ou un observateur extérieur, par exemple le "malentendu entre Derrida et Lacan au sujet du nom" souligné par Didier Moulinier 1. Le malentendu est un objet de création littéraire mettant en scène des personnages qui incarnent pour une part le vécu de leur créateur (Le malentendu, Irène Nemorovsky, 1930; Le malentendu, Albert Camus, 1943), un concept récurrent pour les études en communication entre sujets ou communautés (interculturelle notamment: Jean-Pierre Bacot, Une langue, deux cultures : le malentendu entre la France et le Canada français, 1760-1970, L'Harmattan, 2008), mais il est exceptionnel qu'il soit envisagé comme concept opératoire est structurant par les linguistes comme le fait Culioli (1990, 39) avec l'idée de la communication comme "cas particulier du malentendu". Lorsque le malentendu est envisagé comme "structure de la communication" par Servais et Servais 2009, c'est dans le cadre d'un dossier consacré aux "pathologies sociales de la communication", et la révision du rôle du malentendu et d'abord traitée dans le domaine des interactions homme / animal avec l'exemple du dauphin. En dehors de la psychanalyse et du fait de la notion même d'inconscient, le malentendu est d'abord pensé comme erreur, ratage, accident plutôt que processus, méthode, système, ou du moins composante normale de la coordination intersubjective dans la vie courante, et même de la composition de soi. On peut supposer que ceci tient à un ensemble de présupposés qui s'ignorent (qui ne se connaissent pas et/ou se méconnaissent par duplicité pragmatique, nécessaire et efficace): le sujet humain est un agent muni d'un ego continu, d'une conscience unifiée articulant perception, intention et mémoire, et lorsqu'il "communique", il encode et échange des "informations, idées, points de vue, projets, le tout étant parfaitement univoque et maîtrisé. Dans les lignes qui suivent, nous souhaitons à la suite de nombreux autres envisager le malentendu comme processus structurant et nécessaire au coeur même de l'activité langagière. Le point de vue que nous aborderons est celui de l'enaction, que l'on définira simplement comme la production par tout corps vivant d'un modèle de distinction entre lui-même et le monde ambiant (dont les membres de son espèce) par des moyens et processus inscrits dans son corps propre tel qu'il est profilé par son espèce dans le cadre de son évolution et de ses interactions continues: le malentendu est omniprésent, de la perception ordinaire à la communication, verbale ou non. Pour explorer cette question, on commence par une réflexion sur la notion même de malentendu dans sa dimension lexicale (section 1) avant de passer à la perçaction telle que la définit Berthoz 2006 (section 2) et de définir la parole humaine comme un cas particulier d'intervention sur la perçaction (section 3).
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hal-01817394 , version 1 (17-06-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01817394 , version 1

Citer

Didier Bottineau. Que nous arrive-t-il quand nous parlons ? Parole, enaction, malentendu . A. Bourgain et G. Fabre Le malentendu: une question de linguistique et de psychanalyse, Lambert-Lucas, pp.11-30, 2017, 978-2-35935-209-2. ⟨hal-01817394⟩
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