Musique et texte dans l’opéra-bouffon d’Offenbach : quelles interactions ? Du texte littéraire au prétexte musical - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Laboratoire Critique Intersémiotique Année : 2018

Musique et texte dans l’opéra-bouffon d’Offenbach : quelles interactions ? Du texte littéraire au prétexte musical

Résumé

La musique de la seconde moitié du XIXe siècle se revendique volontiers de l’esthétique romantique : le texte y est avant tout pensé pour que sa charge sémantique soit tutrice du sens musical, et les images induites par le verbe se retrouvent même jusque dans le son des musiques purement instrumentales. En tant que musique vocale, l’opéra n’échappe alors pas à son livret. Les différentes écoles se disputent plutôt la place à accorder à la vocalité au sein du drame musical, puisque la question de la signification du texte est finalement tranchée et admise. Nous pouvons néanmoins localiser une pratique, musicale et littéraire, qui va, sinon questionner, du moins remettre en question le rôle traditionnellement alloué à cette littérature musicalisée. Cette contribution propose d’étudier les mises en musique des textes littéraires provenant de l’Opéra dit “bouffon” de Jacques Offenbach, véritable métissage entre Singspiele allemands, opéra-comiques français et opere buffe italiens. Si le choix du compositeur est motivé par le fait que son répertoire opératique reste encore aujourd’hui en marge des études musicologiques, il se justifie en outre par la place particulière du mot au sein de sa musique. Il semble de surcroît que la réticence musicologique envers ce répertoire soit justement ce qui en créé tout l’intérêt musical : le comique du livret. En dépassant ce que le rire doit simuler au profit de ce qu’il peut dissimuler, nous fonderons notre analyse sur des fragments extraits d’un corpus choisi dans la production du compositeur (Orphée aux Enfers, La Belle Hélène, Le Docteur Ox...). Nous souhaitons montrer comment la mise en musique d’objets littéraires de thèmes variés et d’origines distinctes (Ovide, Homère, Jules Verne...) se confronte à la pratique théâtrale du rire. À cela nous objecterons que les mécanismes du rire offenbachien n’ont rien de dramatique, mais sont davantage langagiers. Partant, nous observerons dans quelles mesures le comique et le passage de l’objet de littérature au livret d’opéra métamorphosent le texte littéraire en prétexte musical. Les livrets d’opéras d’Offenbach semblent en effet être instrumentalisés par la musique. D’une part, il deviennent outils de composition en perdant une certaine signification pour véhiculer des formes syntaxiques vidées de toute substance linguistique ; plus exactement, on peut observer une (dé)gradation du mot jusqu’au morphème, puis au phonème. D’autre part, les personnages vocaux (qui sont récipients du texte) deviennent des personnages instrumentaux, en faisant résonner leur texte de sons plutôt que de mots. Ce n’est alors plus le texte qui est l’interface entre musique et son, mais le son qui est l’interface entre musique et texte. Le son est alors un troisième élément à prendre en compte dans le rapport et la pratique entre musique et texte dans l’Opéra, et l’opéra d’Offenbach paraît du reste s’éloigner des traditionnelles mises en musique de textes comme unités de sens, au profit de mises en série du texte comme unité structurelle. Nous constaterons ainsi dans une première partie les manifestations de cette véritable parenthèse dans le rapport historique entre musique et texte, au sein de livrets d’auteurs tels que Crémieux, Halévy, Gille ou Meilhac. Mais c’est en définitive, et dans une seconde partie, cette parenthèse historique qu’à défaut de refermer, nous souhaitons ouvrir sur des interactions entre langage et arts qui nous sont davantage contemporaines. En opérant certaines corrélations entre la musique de Jacques Offenbach et des mouvements esthétiques et linguistiques plus vingtiémistes tels que la poésie sonore ou le structuralisme, nous souhaitons engager notre réflexion sur un terrain plus théorique : dans quelles mesures la sémiotique, par son approche analytique, peut faire surgir des marqueurs transhistoriques qui témoignent de pratiques récurrentes entre musique et texte.
Fichier principal
Vignette du fichier
Musique et texte dans l'opéra bouffon d'Offenbach.pdf (1.46 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
Loading...

Dates et versions

hal-01814149 , version 1 (12-06-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01814149 , version 1

Citer

Tom Mébarki. Musique et texte dans l’opéra-bouffon d’Offenbach : quelles interactions ? Du texte littéraire au prétexte musical. Laboratoire Critique Intersémiotique, 2018. ⟨hal-01814149⟩
132 Consultations
466 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More