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Chapitre D'ouvrage Année : 2014

La spécificité du « progressif » catalan : une approche contrastive (anglais, français, gallo, italien, castillan)

Résumé

La spécificité du « progressif » catalan : une approche contrastive (anglais, français, gallo, italien, castillan) Les langues romanes, et avec elles des langues de divers autres types (germanique, celtique), possèdent des périphrases verbales dites « progressives » : des formes composées d'un verbe et d'un auxiliaire (anglais be +-ing, castillan / portugais / italien estar + gérondif), le verbe étant un participe présent / gérondif ou un infinitif précédé d'une préposition (français être à + inf., portugais estar a + inf., allemand sein am + inf., breton bezañ oc'h + inf.) ; dans certains cas la périphrase est plus élaborée et recrute une unité lexicale grammaticalisée (français être en train de + inf., où train est un déverbal issu du verbe traîner). L'appellation générale de « progressif », fallacieuse s'il en est, laisse l'impression que toutes ces expressions devraient encoder la même représentation aspectuelle schématique : la visualisation du déroulement d'un évènement, la capture d'un segment d'actualisation compris entre lecommencement et la fin. Pourtant, l'expérience de l'utilisation de ces périphrases dans leurs langues respectives et l'observation des traductions fait apparaître des différences majeures entre les conditions contextuelles et pragmatiques d'emploi d'une part et la nature des effets de sens qu'elles suscitent d'autre part. Pour sortir de cette impasse, on fait appel à la théorie des actes corpori-mentaux langagiers (TACML), qui redéfinit le statut cognitif des formes grammaticales en fonction de l'expérience qu'en font les sujets parlants dans l'expérience quotidienne de la parole sous toutes ces formes : la TACML considère que les formes ne sont pas que des objets abstraits représentant des valeurs dans un système d'oppositions (approche structurale), des symboles de manipulations computationnelles (approche générativiste) ou des symboles encodant des représentations spatialisées visuelles ou multimodales (linguistique cognitive américaine) ; la TACML envisage les formes langagières dans leur dimension corporellement incarnée par l'action du sujet dans le contexte de l'interaction à autrui : réemployer un mot comme «-chien-» c'est, par définition, citer un nombre ouvert d'occurrences du même mot en tant que fragment de discours d'autrui et de soi-même, déjà survenu en de multiples occasions dans autant de contextes discursifs, situationnels et pragmatiques en lesquels il se trouvait inséré ; et par conséquent, réutiliser ce mot, le re-citer, c'est convoquer à la mémoire un réseau d'associations de connaissances correspondant à l'ensemble des impressions et savoirs préalablement enregistrés dans ce réseau à l'occasion de ses emplois antérieurs : un mot est un activateur intentionnel de réminiscences construites, hiérarchisées, normées et fournies en modèle par les interactions verbales collectives, qui font converger les sujets vers l'élaboration de notions analogues malgré la disparité des expériences personnelles. Le sujet parlant peut utiliser le mot pour réactiver ce réseau chez autrui, mais il peut également le faire pour lui-même, réflexivement, dans le cas de l'endophasie, la parole réflexive intériorisée, qui n'est autre que la simulation imaginaire de l'acte vocal dans sa dimension motrice, bouclée sur l'anticipation imaginaire de son effet perceptuel, en vue de produire sur soi-même le même effet : la récupération d'une notion, d'un réseau de connaissance normé acquis dans le cadre social des interactions verbales (distinct de celui des interactions individuelles aux objets du monde tels que l'être-chien, constitutives des catégories). La TACML se range dans les paradigmes de la cognition incarnée et distribuée : incarnée, en ce que la réalisation de

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hal-01812802 , version 1 (11-06-2018)

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  • HAL Id : hal-01812802 , version 1

Citer

Didier Bottineau. La spécificité du « progressif » catalan : une approche contrastive (anglais, français, gallo, italien, castillan). Recherches sur la langue catalane, Lambert-Lucas, pp.151-174, 2014, 978-2-35935-112-5. ⟨hal-01812802⟩
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