Les recherches sur les publics en Sciences de l’Information et de la Communication - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue française des sciences de l'information et de la communication Année : 2015

Les recherches sur les publics en Sciences de l’Information et de la Communication

Résumé

La notion de public n’a cessé d’être débattue par les sciences humaines et sociales depuis que ces dernières s’en sont emparées pour en faire un objet d’étude et de recherches. Cependant, très tôt, la notion de public a été dénoncée comme relevant d’un artefact conduisant à des représentations réductrices d’une réalité complexe. Hormis quelques articles pertinents et dossiers thématiques, le terme de « public », entendu au singulier, a été dissous depuis une quinzaine d’années dans son pluriel, dans une relative indifférence, et sans que la réflexion sur cette évolution ne réveille quelque appétit à la questionner. Or, l’emploi du pluriel, sur lequel les analystes du présent dossier semblent s’accorder, traduit une vision dynamique, la pluralité du phénomène, son hétérogénéité, la diversité ressentie, mais également un certain malaise quant à la manipulation du concept, lié à son instabilité. Parler de public(s) consiste souvent à légitimer, mais aussi, dans le même temps, à dénoncer cette catégorie comme étant poreuse, instable, fuyante, arbitraire, équivoque, qui se dérobe à la fois d’un point de vue épistémologique, méthodologique, mais aussi matériel. Fiévreusement discuté, le terme est toutefois sans cesse restauré et convoqué, et apparaît comme indispensable pour nourrir les recherches en Sciences de l’information et de la communication, et contribuant à structurer le champ des études de réception. Aujourd’hui, la définition de « public(s) » repose davantage sur un consensus que sur une définition unilatéralement opératoire. Il est également admis que le côté volontiers cacophonique des débats sur le(s) publics n’est pas forcément lié aux propositions définitionnelles apparemment contradictoires, mais plutôt au fait que ces dernières portent sur des objets et terrains hétérogènes autorisant l’usage de déclinaisons davantage opératoires en fonction de la « spécificité » de leurs publics. C’est en inventant, finalement, une démarche propre, inter- ou transdisciplinaire que les sciences de l’information et de la communication abordent cet objet, en tentant de confronter, de comparer, et de discuter si la question de(des) publics est réductible ou pas aux modèles des sciences sociales ayant permis, jusqu’ici, de penser les collectifs d’individus et leurs modalités d’engagement dans l’action, mais également de se penser en tant que communauté. Ainsi, si les recherches en SIC ont d’abord cherché à définir les publics à travers les caractéristiques des objets auxquels des individus pouvaient éprouver un attachement, d’autres approches, comme la sociologie des publics, ont revisité les modèles de stratification sociale et des prédispositions, tandis que les perspectives cognitives et psychosociales faisaient de même avec les réactions et phénomènes de perception. Appréhender les pratiques dites « populaires » comme une culture en soi, a permis, à d’autres, de cerner tous les publics dans leur complexité et de se débarrasser de certains cadres normalisateurs qui pouvaient conduire à interroger les nouvelles catégorisations des publics. Les perspectives modernes, sinon postmodernes, sur l’autonomie de l’individu, liées à l’évolution des dispositifs sociotechniques de consommation et du niveau global d’éducation à l’échelle mondiale ont, à leur tour, contribué à bousculer les points de vue traditionnellement portés jusqu’ici sur la question des publics. Tandis que certains chercheurs ont examiné les diverses formes d’identité entre objets et publics, comme en témoigne la montée en puissance du paradigme de l’expertise du jugement dans les recherches sur les publics, d’autres ont exploré la question des liens sociaux. L’observation de nouvelles formes de collectifs sur Internet conduit à faire dialoguer des concepts tels que ceux de publics, d’usagers, de communautés, de collectifs, ou encore d’audiences, concepts issus initialement de recherches distinctes (approches de la réception, sociologie des usages, etc.), brouillant ainsi encore davantage leurs frontières. Les manifestations scientifiques organisées sur le sujet des publics par les unités de recherche en Sciences de l’information et de la communication1 témoignent, pour autant, de l’intérêt renouvelé pour une thématique de recherche toujours féconde lorsqu’elle interroge des objets ou des pratiques (presse, télévision, pratiques culturelles et de sortie, festivals, pratiques domestiques et/ou marchandes, outils numériques et mobiles, réseaux sociaux, médias numériques, etc.). Chaque objet, chaque pratique culturelle ou médiatique, a contribué à développer des méthodes d’approche et des outils de mesure quantitatifs et/ou qualitatifs, puisant dans les travaux pionniers consacrés à la question de la réception qui ont marqué les sciences sociales des cinquante dernières années. L’ambition de ce dossier est moins de proposer une conception systématique du (des) public(s) en sciences de l’information et de la communication que de fournir une vue d’ensemble — de manière moins contradictoire que complémentaire — de ces différentes approches et de la façon dont ces dernières ont nourri un concept central des recherches dans cette discipline. Sans prétendre à l’exhaustivité, car il présenterait alors des lacunes, ce dossier entend, avant tout, montrer la richesse heuristique de cette entrée de recherche, en retracer l’évolution, et donner au lecteur quelques fils directeurs pour s’y orienter. Au risque de conférer à ce dossier un caractère parfois inégal, nous avons fait le choix de retenir des contributions couvrant un large spectre de terrains dans lesquels les SIC possèdent une « culture » de la recherche sur les publics (télévision, radio, transmédia, musées), mais aussi d’autres, moins arpentés (livre de poche, festivals) qui sont autant d’espaces de réflexion où les questions de méthode pour approcher les publics se posent avec une acuité tout aussi vive que dans les premiers. [...]
Fichier principal
Vignette du fichier
LesrecherchessurlespublicsenSIC2.pdf (100.04 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte

Dates et versions

hal-01806629 , version 1 (04-06-2018)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Partage selon les Conditions Initiales

Identifiants

  • HAL Id : hal-01806629 , version 1

Citer

Frédéric Gimello-Mesplomb, Jean-Christophe Vilatte. Les recherches sur les publics en Sciences de l’Information et de la Communication. Revue française des sciences de l'information et de la communication, 2015, 7. ⟨hal-01806629⟩

Relations

225 Consultations
151 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More