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Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Une émotion patrimoniale au service d'un engagement consensuel

Résumé

Décembre 1999. La France vient d’être balayée par deux tornades successives. Parmi l’ensemble des sites touchés, un lieu devient aussitôt « l’emblème du désastre » : le parc du château de Versailles. Largement médiatisée, la destruction du parc du château marque les esprits, appelant des réactions non seulement localement mais aussi à l’échelle internationale. C’est sur l'« émotion patrimoniale » (Fabre, 2013) qui s’est déployée à propos du parc pendant plus d’un an que s’appuie mon analyse . Se mobiliser au nom d’arbres détruits peut rétrospectivement paraître aller de soi. La nature bénéficie en effet d’une attention accrue depuis les années 1970 (Faucher, 1999) et fait l’objet de pratiques militantes les plus diverses. Agir au nom de la défense de la nature et marquer son attachement à un haut lieu du patrimoine mondial semblent toutefois relever de pratiques bien distinctes, la première explicitement associée à la sphère de l’action politique, la seconde plutôt du ressort de l’action culturelle individuelle. Emprunter la voie de la patrimonialisation d’arbres singuliers pour signifier un attachement collectif à la cause végétale serait-il un nouveau mode d’engagement citoyen ? Comment expliquer dès lors son inscription dans un dispositif qui relève certes des politiques publiques, l’administration patrimoniale, mais qui n’entretient lui-même a priori aucun lien avec la cause environnementale ? L’émotion suscitée par la destruction du parc interpelle. Réparer les dégâts causés dans le parc est en effet devenu très vite une cause consensuelle qui interroge les moteurs de l’agir politique. Or dans le cas présent, le lieu du politique (Abélès, 1983) se situe au point de rencontre entre des institutions et des individus peu concernés par le militantisme. Cette mobilisation singulière et éphémère invite donc à se pencher sur les conditions d’une fabrique du politique à l’interface de l’exercice des citoyennetés ordinaires (Carrel et Neveu 2014) et des politiques publiques. À travers ce cas d'étude, il s'agit donc d'analyser sa mise en forme non pas du point de vue des politiques publiques instituées mais à travers l’action d’individus qui, à un moment donné et dans des circonstances qu’il nous faut éclairer, s’engagent dans une cause alors qu’ils ne sont pas des militants. C’est donc la portée d'un geste qui n’est pas véritablement pensé en tant que tel, ni par les institutions politiques, ni par les acteurs dont il est question.
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Citer

Véronique Dassié. Une émotion patrimoniale au service d'un engagement consensuel. La politique à l'épreuve des émotions , 2017. ⟨hal-01791306⟩
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