Le conformiste de Bernado Bertoluci et le mythe de la caverne de Platon - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue CinémAction Année : 2000

Le conformiste de Bernado Bertoluci et le mythe de la caverne de Platon

Résumé

et le mythe de la caverne de Platon Voir ou ne pas voir, telle pourrait être une des questions centrales posées par Bernardo Bertolucci dans son film Le Conformiste adapté en 1970 du roman éponyme de Alberto Moravia, paru en 1951. Si Moravia a souffert du fascisme qui l'a acculé à la fuite 1 , Bertolucci, né en 1941 à Parme, est plus indirectement concerné par les affres d'un régime qu'il n'a pas eu à subir. De fait, le second s'autorise une distance que le premier n'a pas pu-ou pas su-prendre, au-delà de quelques lourdeurs de style et d'idées 2 et diverses récurrences. Bertolucci évite ces écueils en traçant sa voix dans le sillon du cinéma. Le fil rouge de son interrogation renvoie tout d'abord à la représentation dans la représentation, c'est-à-dire au cinéma dans le cinéma. Cela suppose un cortège de questions, de mises en abyme et de mises en demeure du spectateur, converti en un vis-à-vis de lui-même, fasciné par le rappel incessant du pouvoir et des limites de son propre regard par lequel il lui est tellement aisé de se laisser leurrer. Cette problématique rejoint également la trame centrale du film, le mythe des prisonniers de la caverne de Platon, ancêtre de tout discours extérieur sur le cinéma et de cet art sur lui-même. Et si finalement nous n'en étions encore qu'à ce stade-considéré par beaucoup comme la première forme d'écoulement des images animées-, fondant et confondant encore et toujours projections et réalités, incapables de discerner ombres et proies ? Cette interrogation conduit à dénoncer les hommes aveuglés qui suivirent le temps d'un règne, Mussolini et ses séides dans l'Italie fasciste. " Au temps de son enfance, Marcel était fasciné par les objets comme une pie " 3. Ainsi débute l'ouvrage de Moravia qui nous décrit dans le menu et de manière linéaire et chronologique l'errance et les doutes répétés d'un homme qui, enfant est " fasciné par les objets " puis est très vite tenaillé par le désir de posséder un pistolet. C'est ainsi que le jeune Marcel que ses camarades de classe surnomment Marceline, rencontre Lino (diminutif de Pasqualino) qu'il " tue " 4 alors que celui-ci lui a fait des propositions. A partir de cet " accident " , Marcel Clerici éprouve le besoin impérieux de se prouver qu'il est comme tout le monde, conforme à l'idée qu'il se fait des autres après être malencontreusement sorti du lot. Par " amour de la symétrie " il défend les idées de Franco pendant la guerre d'Espagne. Pour se libérer d'une mère qui se pique et qui collectionne les amants et d'un père enfermé à l'asile-qui se prend pour un des ministres de Mussolini-, Marcel âgé de trente ans, accepte une mission du ministère du Duce. Lors de son voyage de noces à Paris avec sa femme Julie, il rencontrera Quadri son ancien professeur de philosophie qui a dû s'exiler en France en raison du nouveau régime italien pour passer " de la pensée à l'action ". Auparavant il fera halte à Vintimille où l'attendra l'agent Orlando, l' " ange gardien " auquel il doit désigner Quadri.
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Citer

Frédérique Devaux. Le conformiste de Bernado Bertoluci et le mythe de la caverne de Platon. CinémAction, 2000. ⟨hal-01782269⟩
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