. Dans-une-perspective-malebranchiste, isolement de Cleveland avec sa mère ne peut que conduire à une relation en miroir et à la multiplication de phénomènes d'imitations et de réduplications. C'est bien, semble-t-il, ce que le texte de Prévost s'emploie à mettre en lumière, non sans une évidente ironie lorsque Cleveland entreprend de consoler sa mère et de lui faire valoir les bénéfices qu'ils trouveront à vivre enfermés dans la caverne de Rumney-Hole

P. Ma-mère and . Écouter, Elle me répondit qu'elle sentait une vive joie de me voir entrer ainsi dans ses idées, et répondre si fidèlement à ses espérances

. Et-pour-cause, Élisabeth a le plaisir d'entendre restituée par son fils avec une très haute fidélité : « je n'avais fait que répéter effectivement ce que je lui avais entendu dire mille fois à Hammersmith » (p. 69) Dès lors, l'enthousiasme de sa mère à découvrir qu'elle « pense comme [son fils] » peut sembler quasi burlesque. Par delà le projet vertueux de donner à son fils l'éducation censée être la plus propice à lui offrir le bonheur et la sagesse

. Je-n-'avais-vu-qu, elle jusqu'alors, car, dans le dessein où elle était de me donner, pour ainsi dire, un coeur et un esprit de sa façon, elle m'avait retranché tous les amusements de l'enfance

L. 'éducation-de and C. , lecture) peut être décrite comme « une seconde gestation », ainsi que Nathalie Ferrand l'a souligné : « Élisabeth passe de l'enfantement biologique au façonnement intellectuel et moral de son fils 97 ». De fait, la visée pygmalionesque de cette relation pédagogique est patente, de même que ses fondements libidinaux puisque le mythe de Pygmalion est clairement interprété, au dix-huitième siècle, comme une figuration symbolique du désir incestueux 98, Si Élisabeth crée Cleveland à son image, c'est pour que celui-ci lui renvoie en retour l'image de sa toute puissance et 96

. Ferrand, Livre et lecture dans le roman français du XVIII e siècle, p.75, 2002.

F. Eugénie-de, Franval avoue en ces termes l'inceste qui le lie à sa fille : « La folie de Pygmalion ne m'étonne plus » (Sade, Les Crimes de l'amour, p.315