. Cf, Lettres persanes, lettre XXVI

. Ibid, (lettre III) On retrouve d'ailleurs la même scène et quasiment la même formule dans la bouche de Zamet Barcaïs chez Solignac à propos du Grand Seigneur de Perse : « Il flottait dans les enchantements, et son âme incertaine ne pouvait se fixer, pp.15-357

A. Dely and -. , Azet dans les Mémoires turcs : « À peine fus-je en votre puissance, que vous me distinguâtes de mes compagnes » (t. II, p.79

A. Grosrichard, Voir aussi à ce sujet les remarques de Jean Goldzink dans Ch.-L. de Montesquieu. Lettres Persanes Barthes indiquait déjà que, chez Racine, pp.54-72, 1989.

A. Tous-Égards, qui fait du sérail un lieu fantasmatique par excellence dans la fiction romanesque de l'âge classique, puisque, comme tout fantasme, il semble ignorer le principe de contradiction Je voudrais, pour finir, indiquer une ultime ambivalence qui pourrait à la fois expliquer la fortune de cet espace romanesque tout au long de la période et indiquer le fondement de ces constantes réversibilités Le succès du sérail s'explique peut-être par le fait qu'il constitue l'archétype de deux imaginaires érotiques a priori antagonistes et dont la concurrence devient de plus en plus sensible dans la fiction du XVIIIe siècle : le modèle du commerce libertin d'une part et le modèle de la réclusion domestique, de l'autre. Que le sérail soit l'archétype de l'espace libertin, cela semble aller de soi : fondé sur une économie érotique de la pluralité, le harem semble offrir l'accomplissement du fantasme libertin (l'on sait en particulier à quel point, dans les romans, les petits maîtres s'efforcent de reconstituer de véritables sérails dans ces lieux topiques du roman libertin que sont les petites maisons). Mais, plus secrètement, le sérail sert peut-être de modèle à l'espace domestique tel qu'il est en train de s'inventer au XVIIIe siècle, notamment sous la plume de Rousseau, et tel qu'il va triompher au XIXe siècle. A lire l'Emile, en particulier, on s'aperçoit clairement que, loin de faire l'objet d'un rejet catégorique, l'institution du sérail constitue une référence insistante (quoique souvent implicite) en ce qui concerne l'éducation des femmes en général, et la culture de leurs talents en particulier : « Pour moi, écrit Rousseau, je voudrais qu'une jeune Anglaise cultivât avec autant de soin les talents agréables pour plaire au mari qu'elle aura, qu'une jeune Albanaise les cultive pour le harem d'Ispahan 73, On peut d'ailleurs trouver plus d'un point commun entre les petits exercices et autres menus travaux que Rousseau assigne aux femmes dans la sphère domestique, et les activités auxquelles s'adonnent les femmes du sérail chez un Prévost ou chez un Solignac. Tel que le XVIIIe siècle le conçoit, d'ailleurs, le sérail a pour fonction essentielle d' « arracher le fantasme du sérail apparaît dès lors comme une authentique formation de compromis entre des aspirations a priori largement contradictoires. C'est peut-être à cette lumière qu'on pourrait comprendre la fascination singulière qu'il a exercé tout au long de cette période