Abécédaire de la Grande Guerre (APHG) Prophylaxie : - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Historiens et géographes Année : 2014

Abécédaire de la Grande Guerre (APHG) Prophylaxie :

Résumé

Derrière ce mot complexe se cache une véritable hantise des différents états-majors : la peur de voir son armée affaiblie par les maladies. Cela donnait en effet un avantage décisif aux adversaires. D'après le dictionnaire Littré, ce mot signifie la partie de la médecine qui a pour objet les précautions propres à préserver de certaines maladies. Ainsi, dès les débuts du conflit, des mesures sanitaires sont prises pour éviter ce genre de désagrément aux soldats, en particulier dans le cadre des relations sexuelles tarifées très présentes dans la plupart des armées où, dès l'arrière front proche, des prostituées officient pour satisfaire, comme l'a bien montré Jean-Yves Le Naour 1 , les besoins des soldats. De véritables « bordels » ambulants sont organisés et contrôlés par les militaires qui organisent un « roulement » où les soldats se succèdent, les prostituées effectuant parfois plusieurs dizaines de passes par jour. Face à une médecine en plein progrès depuis le XIXème siècle mais qui n'a pas encore trouvé le moyen de guérir les infections 2 , les armées décident de mener d'importantes politiques préventives. La priorité est d'éviter le développement des infections sexuellement transmissibles (IST) inhérentes aux relations sexuelles avec les prostituées. Dans la lignée de ce qui se fait en France par exemple depuis le siècle précédent, celles-ci doivent être autorisées à travailler pendant la guerre (et donc posséder une carte de travail), ce qui implique un passage régulier et fréquent chez un médecin qui vérifie la bonne santé des « travailleuses du sexe ». Si une maladie est détectée, l'interdiction de travail est prononcée et la prostituée évacuée vers l'arrière pour se soigner, en intégrant souvent un dispensaire où elle est regroupée avec d'autres. Des deux côtés du front occidental, l'organisation est la même, les dispensaire se multiplient pour soigner les femmes infectées. Ainsi, du côté allemand, dans Lille occupée, quatre dispensaires accueillent ainsi des françaises vendant leurs charmes aux Allemands et tombées malades suite à leur activité sexuelle tarifée avec les occupants 3 .Les armées font une chasse sans relâche aux prostituées illégales sur lesquelles elles n'ont pas de contrôle sanitaire. Elles officient en effet clandestinement, la plupart du temps dans la plus grande pauvreté. De véritables campagnes de prévention sont mises en place par les États-majors pour informer les soldats des risques infectieux et des moyens de s'en prévenir. Comme le montre les documents présentés ici, l'armée allemande distribue à ses soldats en France de véritables kits préventifs. Ceux-ci se composent parfois de lubrifiant, de préservatifs, mais surtout d'antiseptique qui permet une désinfection du gland. L'armée allemande développe aussi auprès des civils français passés sous son contrôle de nombreuses mesures prophylactiques qui ont pour but d'éviter la contagion lors de certaines maladies comme la dysenterie ou la fièvre typhoïde. Ainsi, ceux qui ne signalent pas des « diarrhées, sécrétions de sang ou humeurs » 4 sont passibles de 3 mois de prison ou de 1000 marks d'amende 5. La politique prophylactique se développe aussi dans les hôpitaux militaires qui essaient eux aussi d'appliquer les dernières avancées médicales du temps. L'hygiène, en particulier dans les blocs d'opération, se développe même si, aux vues des normes actuelles, cela peut apparaître dérisoire. Toutefois, les morts suite aux blessures diminuent, preuve de l'efficacité réelle des mesures prophylactiques. L'épidémie de grippe espagnole en 1918-1919 nuance toutefois les résultats dans la plupart des pays. Plus de 30 millions de personnes y ont succombé dans le monde. Cette pandémie montre bien les limites de la médecine de l'époque qui a eu du mal à l'endiguer. La Grande Guerre s'est aussi jouée sur le terrain médical. Limiter les pertes de soldats, réduire au maximum leur indisponibilité due aux blessures ou aux maladies, telles furent les préoccupations des belligérants qui mirent en oeuvre des moyens conséquents pour mener à bien de véritables politiques prophylactiques, souvent bénéfiques pour la santé des soldats.

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hal-01722536 , version 1 (04-03-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01722536 , version 1

Citer

Nicolas Charles. Abécédaire de la Grande Guerre (APHG) Prophylaxie :. Historiens et géographes, 2014. ⟨hal-01722536⟩
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