Giorgio Bassani: prigioniero del passato, custode della memoria. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2018

Giorgio Bassani: prigioniero del passato, custode della memoria.

Sophie Nezri-Dufour
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 967103

Résumé

L’œuvre de Bassani est directement liée à son expérience personnelle et historique : né d’une famille juive ferraraise pendant la Première Guerre mondiale, il connaît une jeunesse bourgeoise des plus heureuses jusqu’au jour où les lois antisémites de 1938 bouleversent définitivement sa vie. Dès lors, l’écriture se présente à lui comme un besoin vital aussi crucial que sa participation à la Résistance, effective dès 1937, face à la dictature fasciste. Au lendemain de la guerre, l’écriture s’impose à lui plus que jamais : poésies, nouvelles et romans sont les moyens d’expression d’un témoin et d’un écrivain qui ressent le besoin impérieux d’exprimer avec force et précision ce qui a eu lieu. Face aux événements difficiles à décrire tels que les rafles et la participation de l’Italie à la Shoah, il choisit un type d’écriture qui se caractérise par la pudeur, l’understatement, l’ironie, sans toutefois taire les responsabilités de chacun. Son discours s’emploie en effet à dépeindre la complexité d’une époque et de l’idéologie fasciste « ordinaire », celle d’une Ferrare bourgeoise, lâche, réactionnaire, emblématique d’une Italie qui n’a pas su dire non à la dictature et à la persécution de ses juifs parfaitement intégrés. À travers Le Roman de Ferrare, qui réunit l’ensemble de ses nouvelles et de ses romans, Bassani décrit les différents mécanismes d’une idéologie qui dénote un refus de la différence culturelle, politique et identitaire. Il dépeint ainsi les multiples ruptures sociologiques que le Ventennio a provoquées dans une société italienne où juifs et catholiques ont vu leur chemin se séparer dramatiquement. Cependant, au-delà de la dénonciation historique, essentielle dans les récits bassaniens, la dimension littéraire du Roman de Ferrare, écrit et réécrit à plusieurs reprises, est centrale. Se fondant essentiellement, pour mieux expliquer l’Histoire, sur les destins individuels et sur une conception de l’écriture mémorielle où chaque mot est choisi avec soin et où le discours s’inspire des références culturelles et littéraires les plus prestigieuses, Bassani offre du passé une vision métaphorisée destinée à cristalliser définitivement une époque qu’il ne veut pas voir disparaître. Que ce soit son expérience propre ou celle de ses contemporains, la beauté de son discours éminemment poétique et allégorique se présente comme une réponse à la violence d’une Histoire cruelle et absurde. En recréant esthétiquement un monde disparu dont il va devenir le chantre, il redonne un sens et une structuration au chaos historique. Fondée sur son douloureux itinéraire initiatique, son œuvre n’en est pas moins dépourvue de questionnements sur l’absurdité de la vie. Ses héros expriment en effet toute une série de questions qui, au lendemain de la Shoah, remettent en cause une civilisation occidentale qui s’est totalement fourvoyée. Or, pour Bassani, l’écriture est précisément la réponse ultime à une angoisse née du néant et de la mort : en recréant un microcosme littéraire, il tente de rendre vie et d’immortaliser une époque et une ville aimée et haïe tout à la fois.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02067111 , version 1 (14-03-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02067111 , version 1

Citer

Sophie Nezri-Dufour. Giorgio Bassani: prigioniero del passato, custode della memoria.. Franco Cesati, 2018, 9788876676802. ⟨hal-02067111⟩

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