Comment les auditeurs organisent-ils la progression temporelle des mélodies et la structure dynamique du maqâm?
Résumé
Nos recherches antérieures ont révélé des indices perceptifs fondamentaux pouvant provoquer une segmentation lors de l’écoute musicale. Ces indices peuvent êtres ordonnés selon le degré d’implication des connaissances préalables et d’abstraction de ces connaissances. L’objectif fondamental est de rendre compte de cette interaction entre l’analyse des données d’entrée (les « indices de surface » caractérisant la pièce) et l’influence des connaissances culturelles dans la façon dont une séquence musicale est organisée. La reconnaissance d’un pattern, d’un style ou d’une forme d’improvisation particulière permet à l’auditeur de réorganiser les événements musicaux en fonction des schémas préétablis, et de développer un sens musical complet et une prévision sur le cours et l’aboutissement du temps musical.
Cette étude tente de révéler, à travers une analyse auditive du corpus, la caractéristique première de l’improvisation – qui est d'abord une refonte de matériau ou d’œuvre antérieures, et ensuite un acte ou un geste de rupture par rapport à une tradition –, mais aussi le rapport fondamental de la musique avec les pratiques et les représentations sociales et culturelles ; c'est-à-dire comment, et sur quels critères, le musicien improvisateur pourrait être porteur d'un don pour le groupe social, et avoir un lien particulier avec ce qui est hors de l’ordinaire et du commun ?
Un intérêt est porté également sur le vécu et la profondeur sémantique de tout ce que l’auditeur peut dire sur son expérience esthétique d’écoute musicale ; formulations métaphoriques, verbalisations diverses, etc. Voilà autant de références symboliques, esthétiques et cognitives à recueillir, à analyser et à implémenter dans le modèle cognitif.