Comment représenter un criminel dans la France des Lumières ? L’exemple de Damiens
Résumé
Alors que l’attentat de Robert-François Damiens sur le roi Louis XV en 1757 a fait l’objet de nombreuses études historiques et philosophiques, tant de son temps que de nos jours, les représentations de la figure du criminel produites à l’époque des faits n’ont pas été autant interrogées. Souvent reproduites comme simples documents-témoins, elles ont peu attiré l’attention des historiens de l’art, parce qu’elles se rattachent souvent à l’imagerie populaire, c’est-à-dire à une production éloignée des notions de chef-d’œuvre et d’unicité sur lesquelles la discipline s’est constituée en priorité. Si la plupart des images de Damiens sont effectivement des gravures anonymes et entrent dans l’illustration du fait divers, un nombre conséquent d’entre elles se range pourtant dans la catégorie du portrait, genre reconnu comme le plus noble après celui de l’histoire durant toute la période moderne. Ce sont ces « portraits de Damiens » qui font l’objet de cet article, car leur diversité conduit à de multiples questions.