, Nous pourrions aussi revenir sur la complexe circulation sonore des bruits d'eau qui ruissellent tout au long des Diaboliques, ce film sur « des baignoires qu'on remplit et des piscines qu'on vide » : d'une pièce à l'autre (Delasalle, inanimé dans la chambre, connaît un dernier hoquet d'attention en entendant que l'on vide la bouteille remplie de sédatif dans la salle de bains mitoyenne), d'un appartement à l'autre (le voisin, incarné par Noël Roquevert, s'indigne des nuisances nocturnes occasionnées par les mouvements d'eau dans la baignoire où l'on noie Delasalle), de l'intérieur vers l'extérieur (lorsque les deux femmes s'apprêtent à jeter le cadavre dans la piscine, elles sont interrompues par un bruit de chasse d'eau signalant un potentiel témoin nocturne), et ainsi de suite. Sur le plan de la spatialité sonore, la cohabitation des personnages avec le monde de la scène, si familier à Clouzot, est décisive. C'est elle qui, dans Quai des orfèvres, permet à l'orchestre de la salle de cabaret L'Eden de ponctuer en live la sortie des lieux par Martineau (qui n'y traînait que pour se constituer un alibi), par un roulement de tambour et un claquement de cymbales qui chargent d'une dimension ironique et artificielle le stratagème du petit pianiste. C'est elle qui justifie qu'un orchestre de cordes accompagne de son assourdissant et crissant tintamarre le premier interrogatoire que l'inspecteur Antoine fait subir à Martineau dans une salle de bal (l'orchestre étant bien visible en arrière-plan dans les plans sur ce dernier, comme une manifestation palpable de son angoisse bouillonnante). À la fin de La Vérité, c'est encore la musique

L. , L. Salaire-de, and L. Peur, Bien que séparés de 500 km, Mario (Yves Montand) dans son camion, et Linda (Véra Clouzot) dans la gargotte de Las Piedras, écoutent tous deux la même retransmission radiophonique du Beau Danube bleu : ainsi, tout le monde « danse » en même temps (tout à sa joie, Mario décrit des arabesques avec son véhicule sur les routes sinueuses), et à la fin

, Voilà un épilogue filmique qui synthétise à merveille le pessimisme surplombant d'un cinéma souvent accablant de noirceur, dans lequel les personnages portent des ombres trop lourdes pour eux, que ce soit dans la nuit parisienne ou dans une Amérique latine écrasée de soleil

, chargé d'effluves, mais c'est la forme choisie par son auteur pour prendre en charge, par les moyens propres au film, les énergies négatives qui meuvent les hommes dans les recoins gris du monde. Et si les « architectures mouvantes-lumineuses » de Clouzot n'accordent à ces hommes que très peu d'issues (et aux femmes encore moins), l'impact sensible et moral de leurs odyssées malheureuses confère à cette filmographie atypique (elle-même en mouvement permanent