Sentiment d’identification à la pratique corporelle en danse Odissi
Résumé
Dans le contexte de la danse Odissi à Bhubaneswar en Inde, apparue sur la scène post-coloniale dans la période de l’après-indépendance de l’Inde en tant que « danse classique », et qui semble véhiculer entre autres des revendications identitaires régionales relatives à l’Etat indien d’Orissa, certains modes de la représentation sur scène occasionnent, de façon répétée, des controverses vives, engendrant des manifestations, des annonces de « scandale » dans la presse, des confrontations ou des excuses publiques par certains protagonistes. Le caractère passionnel de ces manifestations, par la force de l’engagement qu’il évoque, a retenu mon attention.
Vu de loin, les questions des danseurs semblent tourner autour du « danser correct », dans une sorte de débat ponctué de tensions impliquant les notions de « pureté », « tradition », « innovation », « changement », autour de cet objet danse discuté un peu comme un personnage que les protagonistes feraient exister par leurs actions.
Vu du point de vue subjectif et des trajectoires individuelles interrogées, ces « explosions » semblent accompagner des moments clé dans les carrières, où des artistes se détachent de leur « école », se positionnant en tant que « traditionnalistes » ou « innovateurs », jouant de leurs origines géographiques, de leur milieu d’appartenance, de leur sexe.
Au cours de mes observations sur le terrain, et me référant à mes propres réactions émotionnelles en tant que danseuse, je me suis posé la question d’un lien entre cette implication physique, émotionnelle, et la notion de savoir-faire.
Comment se construit, à travers le tissu relationnel qui fonde les pratiques, l’identification individuelle à cette danse ? Quelles relations s’établissent entre les processus d’appropriation de cette danse dans sa pratique quotidienne et le sentiment d’adhérer à une façon « correcte » de la pratiquer ?