Interdits, interdictions et prescriptions alimentaires dans le Moyen Âge occidental : état de la question
Résumé
A l'inverse du judaïsme, de l'islam et même du christianisme oriental, la chrétienté latine de l'Occident médiéval semble avoir assez rapidement renoncé à tout interdit de nature alimentaire. Cela ne signifie nullement que les fidèles – et a fortiori les hommes d'Eglise – y étaient parfaitement libres de manger tout ce qu'ils voulaient. Pour dénouer l'écheveau des interdictions et prescriptions alimentaires qui affectaient au quotidien les chrétiens d'Occident, les travaux récents se montrent très attentifs à la typologie documentaire, tant il est vrai qu'on peut difficilement comparer pénitentiels, canons, recueils épistolaires et récits littéraires. Ainsi peut-on espérer comprendre comment cet écheveau s'est progressivement formé, par une série de choix étalés sur de nombreux siècles et de portées très différenciées. L'examen minutieux de la typologie documentaire permet également d'approcher l'application des interdictions et prescriptions, c'est-à-dire la question, capitale pour l'historien, de l'articulation des normes et des pratiques alimentaires. Alain Dierkens et Alban Gautier ont ainsi fait récemment remarquer que les lettres des papes Grégoire III et Zacharie qu'on invoque souvent à propos, entre autres, de l'interdit de la viande de cheval, n'avaient absolument pas la même autorité que ce qui allait constituer plus tard les décrétales ; il est même permis de se demander si les dites lettres furent jamais connues en dehors des monastères qui produisirent les recueils épistolaires de Boniface et, donc, de sérieusement douter que leurs prescriptions aient jamais été appliquées. On se posera principalement la question de l'application des normes à propos de la consommation de certaines viandes, singulièrement les viandes dans lesquelles le sang est resté.
Domaines
Histoire
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