«. , ». Les-méconnaître,-c-'est-en-somme-«-mourir-À-soi-même, and ». , Le texte fait ainsi entendre la plainte, la grande plainte de celui qui a laissé passer sa chance Devant lui, pour lui, la vie s'est manifestée, et il n'a pas pu, ou pas su, la saisir, se laisser porter par elle, s'engluer en elle, se perdre et se retrouver en elle. On mesure à quel point cette expérience de la plainte diffère de ce que Ricoeur nomme la responsabilité : Ce sera un des leitmotive de notre analyse : l'attestation est fondamentalement attestation de soi. Cette confiance sera tour à tour confiance dans le pouvoir de dire, dans le pouvoir de faire, dans le pouvoir de se reconnaître personnage de récit, dans le pouvoir enfin de pouvoir répondre à l'accusation par l'accusatif : me voici ! selon une expression chère à Levinas, ce stade l'attestation sera celle de ce qu'on appelle communément la conscience morale et qui se dit en allemand Gewissen (mieux que le terme français de conscience [?], le Gewissen allemand rappelle sa parenté sémantique avec la Gewissheit ou certitude 16

. De-quoi-procède-la-confiance and . Selon-ricoeur, de la capacité de répondre favorablement à l'injonction d'une institution : le langage, l'action, l'identification à des modèles imaginaires, la citation à comparaître, autant d'impératifs qui nous sont adressés pour que se constitue notre identité, ce par quoi une société a prise sur nous Il serait vain de nier que, dans l'oeuvre de Proust, la culpabilité n'existe pas ; elle est au contraire omniprésente ; mais elle apparaît toujours comme asphyxiante Tour à tour, le Narrateur subit la culpabilité et l'inflige ; il montre ainsi la réversibilité des rôles : car le meilleur des accusateurs, le jaloux, fut aussi le plus grand des accusés, lui dont la faute est justement d'être trop sensible, trop épris de la vie, et pas assez maître de lui-même. Mais au moment où il représente la culpabilité, le génie de Proust ne peut s'empêcher de la représenter comme infondée ; elle semble toujours insuffisamment légitime au regard des pouvoirs créateurs dont la vie, quand nous l'éprouvons intensément, nous rend dépositaires. C'est pourquoi, chez Proust, c'est la vie, et elle seule, qui prononce l'acte accusation : « 'Ce que tu n'apprends pas de nous aujourd'hui, tu ne le sauras jamais. Si tu nous laisses retomber au fond de ce chemin d'où nous cherchions à nous hisser jusqu'à toi, toute une partie de toi-même que nous t'apportions tombera pour jamais au néant' », disent les arbres, dans la célèbre prosopopée d'Hudimesnil. À ces phrases terribles, le Narrateur répond par la tristesse. Cette tristesse rêveuse n'a rien à voir avec une scène judicaire de Ricoeur où le « moi », constitué par sa responsabilité, est sommé de répondre de ce qu'il a fait, ou n'a pas fait, qui nous visite (nous déchire ou nous berce mais de notre obéissance le seul Jugement, celui qui invalide tous les autres, p.458