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Article Dans Une Revue Questions de style Année : 2013

La phrase ironique dans Les Faux-Monnayeurs

Résumé

If an experienced reader of Gide was asked to define what a typical “Gidian” sentence is, the most cautious and relevant answer would probably be that it all depends on which genre one is referring to. As far as narrative prose is concerned, it can be argued that irony is Gide’s most significant contribution to stylistic creativity. In Les Faux-Monnayeurs (The Counterfeiters), in a predictable way, irony lambasts not only bourgeois attitudes and philistine discourses, but also all the awkward attempts to transgress class boundaries and roles, whatever they may be. Thus, lyricism is more often than not regarded as pure insincerity. The main contention of this paper is that Gidian irony is multifaceted. A thorough study of the occurrences of the word “irony” proves that irony is far from being the highest moral value praised in Les Faux-Monnayeurs; the main interest of this rhetorical device consists in confronting diverse viewpoints within a single sentence without necessarily hierarchizing them. In so doing, irony appears as both salutary and unsettling since it undermines the legitimate trust the use of language is based upon. Though irony aims at challenging conventional interpretations, it fails to put an end to the semantic crisis it brings about. Despite its stylistic and heuristic qualities, irony is not considered as an end in itself by Gide. Rather, it is intended to create a more acute awareness of reality that reconciles sense and sensibility.
S'il fallait demander à un lecteur aguerri de Gide de dire ce qu'est une phrase gidienne, il est probable qu'il choisirait prudemment de répondre que tout dépend du genre littéraire pratiqué. Si l'on s'en tient aux Faux-Monnayeurs , il est tentant d'affi rmer que l'ironie constitue l'apport le plus signifi catif de Gide au renouvellement de la prose narrative française de son temps. De manière assez prévisible, l'ironie y fustige les attitudes bourgeoises et les discours philistins, mais aussi toutes les tentatives maladroites pour outrepasser les rôles sociaux, quels qu'ils soient. Ainsi, le lyrisme est-il fréquemment ironisé comme une manifestation d'insincérité. L'enjeu de cet article est de souligner à quel point l'ironie gidienne est polyvalente. L'étude des occurrences du mot « ironie » montre qu'elle est loin de fi gurer parmi les valeurs morales les plus hautes ; son principal intérêt est de confronter divers points de vue dans une même phrase, sans toutefois toujours les hiérarchiser. Ce faisant, l'ironie apparaît à la fois comme salutaire et menaçante puisqu'elle sape la confi ance légitime que les locuteurs font au langage, quand ils veulent communiquer. Si l'ironie vise bien à inquiéter les routines interprétatives, elle s'avère incapable de mettre un terme à la crise du sens qu'elle ouvre. C'est pourquoi, malgré ses vertus esthétiques et heuristiques, Gide ne tient pas l'ironie pour une fi n en soi ; elle doit conduire à une perception plus aiguisée du réel et souvent céder le pas à l'émotion.
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Dates et versions

hal-01676781 , version 1 (06-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01676781 , version 1

Citer

Joël July, Stéphane Chaudier. La phrase ironique dans Les Faux-Monnayeurs. Questions de style , 2013, Questions de phrases, n°10, Laure Himy (dir.), n° 10. ⟨hal-01676781⟩
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