». Une-bonne-fortune and S. , XXX, vers 180 : « Le ton dont il le dit, je ne peux pas l'écrire, p.402

». Après-une-lecture and S. , XV, vers 90 : « Grand homme, si l'on veut ; mais poète, non pas, p.593

. Id, P. Pour, and . Kolb, éditeur de la correspondance de Proust, il ne fait guère de doute que Proust se réfère au poème de Musset. Voici l'original : « Ce livre est toute ma jeunesse ; / Je l'ai fait sans presque y songer. / Il y paraît, Et j'aurais pu le corriger. » 14 « Rolla », I, vers 55, p.370

L. Grandeur and D. Musset, Proust voit en Musset un double de Proust ; il annonce les grands artistes imaginaires de la Recherche, Bergotte, Elstir, Vinteuil, qui tous subordonnent leur vie à l'impératif catégorique de la création : On sent dans sa vie, dans ses lettres comme un minerai où elle est à peine reconnaissable, quelques linéaments de son oeuvre, qui est la seule raison d'être de sa vie, ses amours qui n'existent que dans la mesure où ils en sont les matériaux, esquisse de la Recherche, p.34

. Il-faut-s-'y-résigner, . La-pièce-décisive-manque, . Musset, and . Proust, Restent les conjectures. Cet « esprit pourtant pas le doute, qui réserve une possibilité à ce qu'on souhaite, et dont Musset donne un exemple quand il parle Toute la poésie de Musset est ainsi résumée : elle est ce dispositif qui réserve une possibilité à ce que souhaitent le poète et son lecteur ? l'amour ? possibilité qui, quand elle s'actualise et se transforme en certitude existentielle, procure autant de joie que de perplexité. Il faut revenir à Rolla. « Ce n'était pas Rolla qui gouvernait sa vie, / C'étaient ses passions Si Musset était Racine, il eût peint un héros aliéné, asservi. Or Rolla « n'a pour tout bien qu'un mot : la liberté » (v, Tel est le coeur battant de la poésie de Musset : le « je » y est à la fois libre et passionné. Certes, la liberté telle que la pense Musset n'est pas celle du théologien chrétien : elle n'est) ou à celle du lion : Ne lui demandez pas s'il est heureux ou non, pp.106-109

L. Liberté-du-lion-tient-précisément-À-ce and . Qu, il soit sage ou antilope, pour remettre en cause sa fidélité entêtée à ce qu'il est : cette liberté sublime se réalise dans une sorte d'adhésion ontologique à sa nature profonde Si cette liberté paradoxale se réalise pour le lion dans la prédation, c'est dans l'amour qu'elle s'affirme chez l'homme. La puissance lyrique de Musset tient à l'impossibilité où il se trouve d'argumenter en faveur de la question pourtant légitime qu'il pose : « Et pourquoi donc aimer ? » (« Rolla Autant demander pourquoi vivre. Le poète ne peut pas donner de raisons de s'engager dans une expérience que le héros de Musset embrasse sans la choisir. La poésie de Musset est, de ce point de vue, une poésie de l'affirmation aussi monotone qu'autoritaire : « Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé) ; ou encore : Dans ses larmes, crois-moi, pp.388-428

. Mais-vivent-ils-vraiment-?-puisque, . Dieu-ne-veut-ni-justifier-le-mal, . Ni-se-manifester-(-«-l-'espoir-en, and . Dieu, ), l'existence de Dieu, contrairement à celle de l'amour, s'éprouve sur le mode de l'espoir et non de la certitude, comme le montre la fin des stances « À la Malibran » : Ce que l'homme ici-bas appelle le génie C'est le besoin d'aimer ; hors de là tout est vain. Et puisque tôt ou tard l'amour humain s'oublie, pp.231-232

«. Le, La préposition « pour », si ambiguë, rapproche cet « amour divin » de l'expérience même du théâtre, de l'amour 38 L'attention du lecteur est sans doute aiguisée par sa mémoire Il se souvient de ce passage où le Narrateur mentionne « un certain nombre de gens qu'on admire dans son enfance, un père plus spirituel que le reste de la famille, un professeur qui bénéficie à nos yeux de la métaphysique qu'il nous révèle, un camarade plus avancé que nous (ce que Bloch avait été pour moi) qui méprise le Musset de « L'Espoir en Dieu » quand nous l'aimons encore Cette pièce de Musset ne travaille-t-elle pas souterrainement le texte ? démocratique des spectateurs anonymes à qui l'actrice fait entendre « cette voix du coeur qui seule au coeur arrive C'est pour eux que l'actrice, généreuse et surmenée, expire. L'amour, qui est le génie humain, s'éprouve sur le mode d'un avoir qui transcende toute perte. Musset ne termine pas « Rolla » en écrivant : « Et pendant un moment, tous deux s'étaient aimés », ce qui renverrait sa poésie à la fragile éthique de la réciprocité, mais bien : « Et pendant un moment, tous deux avaient aimé » (393). « Avoir l'amour » est plus important que le faire ; en éprouver la capacité en soi, se livrer à sa puissance qui habite en soi, tel est le socle radical de la certitude, sur lequel s'élève l'édifice toujours tremblant de la tristesse, c'est-à-dire des histoires d'amour. Quand la femme trahit, l'oubli bienheureux permet à l'amant de se relancer dans le jeu de l'amour, est la légion des femmes qu'il a aimées ; en cela, sa poétique s'oppose à celle de Proust, pour qui Albertine importe moins que Combray, pp.452-182

. La-certitude-existentielle-que-célèbre-musset-heurte-l, esprit du temps. L'amour, de ce point de vue, n'est plus aimé ? et il n'est pas impossible qu'un ultime détour par Proust nous aide à comprendre pourquoi. Le héros de la Recherche, très vite, se désintéresse de Musset, Comme le rappelle Frank Lestringant dans sa préface M. de Charlus se délecte d'une poésie, pp.28-29