« Proust lecteur de Sand : l’idéalisme vaincu ? »
Résumé
Que signifie exactement l’adjectif « idéaliste » dans l’expression reçue « roman idéaliste » ?
Peut-on prétendre apporter un peu d’air frais dans un concept qui a priori sent le renfermé ?
Comment peut-on être idéaliste, j’entends : idéaliste et intelligent ? Y a-t-il une manière
convaincante voire admirable d’être idéaliste ? Et Sand disciple de Rousseau ne serait-elle pas
l’exemple même qui pourrait nous réconcilier, nous autres, réalistes indécrottables, avec
l’idéalisme ? Et n’est-ce pas précisément ce que savait Proust à propos de Sand, à savoir qu’il
n’est rien plus séduisant qu’un idéalisme réconcilié avec le réel (le corps, la chair, les émotions)
dans et par l’amour vertueux ? Cet amour idéal, réciproque et responsable, est précisément
l’ennemi à abattre pour que triomphe dans la Recherche une éthique fondée non plus sur
l’affect, mais sur le travail, non plus sur le corps naturel, aimé et aimant, mais sur le corps
artificiel, construit, de l’oeuvre à écrire. Deux hypothèses guideront donc cette étude : d’une
part, la trop commode antithèse de l’idéalisme et du réalisme me semble déboucher sur une
impasse, dès lors qu’on veut lire les romans de Sand ; d’autre part, Proust, lecteur avisé de Sand,
a désigné son idéalisme romanesque comme l’envers même de son esthétisme artificialiste et
de son immoralisme littéraire.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)