"Rhétoriques du social"
Résumé
La littérature d'aujourd'hui. Le social. Voilà deux beaux objets. Comment les articuler ? Le « social » est l'objet propre de la sociologie ; mais est-elle seule autorisée à se saisir de cet objet ? On peut penser que non. C'est alors qu'intervient la littérature. Comment définir son rapport au « social » ? Comment situer la création littéraire par rapport à la sociologie ? La première n'est-elle qu'un objet pour la seconde ? S'agit-il de discours sectoriellement rivaux ? Ou complémentaires ? Comment envisager un dialogue, s'il est possible ? Une chose est sûre : l'indifférence réciproque ne serait guère satisfaisante. À moins d'être naïf, l'écrivain contemporain sait qu'il est aussi un acteur social : nul privilège d'extraterritorialité ne lui est accordé. Faut-il en conclure que l'écrivain ne peut porter sur la société qu'un regard biaisé, partiel, égarant ? Contrairement au sociologue, son rival, il est démuni de légitimité scientifique pour appréhender son objet. La littérature peut-elle créer son propre savoir social ? Comment ? Deux démarches rhétorico-esthétiques s'opposent. Dans le premier cas, l'écrivain légitime son texte en citant un discours sociologique autorisé. De nombreux dispositifs signalent ce transfert d'un savoir scientifique dans un écrit littéraire. Me semble caractéristique à cet égard le recueil d'entretiens du romancier Pierre Bergounioux avec son frère Gabriel : Pierre Bergounioux, l'héritage. Dans le second cas, les écrivains représentent et captent à leur profit des manifestations de l'inventivité sociale. Ce qui inspire ces écrivains ce serait la conscience, aiguë mais non chimérique, des énergies vitales, créatives à l'oeuvre dans les corps sociaux.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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