D. Abbés and . On-rencontre-une-variante-de-ce-procédé, La phrase est rompue par le commentaire plus ou moins désinvolte qui, à tous les sens du mot, l'achève : Le groin prend le vent et Guillaume a le temps de voir les limes énormes et un peu recourbées, des poignards. (A, 36) Ça n'est qu'une forêt que cernent une plage et des rocs, pas une âme. (A, 36) Les chevaliers ont de l'hermine, des peaux de loup, tout cela est beau. (A, 38) [?] et les châsses

. Dans-le-premier-exemple, la métaphore s'impose comme une évidence, tranchant dans le gras de la description Dans le dernier exemple, un fragment de discours direct, familièrement réfutatoire, est inséré dans une structure indirecte. Michon inscrit en creux la possibilité d'un développement que le texte court-circuite. Pour le grand écrivain, il n'est pas de plus grand plaisir sans doute que

. Le-gros-homme and . Balzac, réfléchie par celle de Michon, qui l'assume, la vanité du grand parvenu des Lettres est à la fois encensée et épinglée

. On-sait-aussi-qu-'un-jour and . Faulkner, On sait enfin que le théâtre du sublime fascine Michon : D'où ça vient ? Qui parle ? Qu'est-ce qui s'est passé pour que ces phrases-là viennent, s'arrachent d'un petit homme vaniteux d'Oxford, Mississipi ? Quel coup de vent, quelle ombre ? C'est peu de dire que je me sens intimement proche de ces interrogations-là. C'est ma vie même. (TA, 88) Quel jour Balzac a-t-il vu passer Vautrin ? Quel jour a-t-il su que Vautrin repasserait, reviendrait [?] ? Quel temps faisait-il ? Que regardait le gros homme ?

L. Didas-y-lora-de-balzac-est-conséquent and . Lui-qui, se plut à démontrer dans sa propre personne que les arts sont une imposture » (TA, 15) Pire : « Balzac ne croyait plus que la littérature lui fût inaccessible, pas plus que la femme titrée, ni la gloire. Il avait usurpé tout cela. [?] Quand on a écrit La Comédie humaine, on sait que ce n'était rien La clé de voûte du système Michon se découvre : c'est l'éternel tourniquet de la foi et de la blague, du mythe et de la mystification. Parfois, une inspiration jésuite se fait jour. Michon évoque alors « une grâce tortueuse affublée des masques de la vanité, pp.29-30

. Au, il y a cette « langue angélique », l'infigurable idiome qui fait la nique à tous les idiomes et qui est pour cela situé du côté de l'irrationnel, de la femme : Il est cinq heures du matin, la bougie pâlit Balzac la plume arrêtée lève la tête, il regarde venir par la fenêtre celui pour qui il a écrit cette nuit. Mais non, ce n'est pas Madame de Castries. [?] Ce n'est pas Sainte-Beuve. Ce n'est pas Hugo

. On-croit-Écrire-pour-un-«-un, Deux ou trois adjectifs se suivent Le sens se brouille un peu ; les « sons de feuilles, de gong et d'avalanche » (CR, 25) rompent le ronron du raisonnement ; un « n'importe quoi » vaguement sidérant, d'une grande douceur, envahit la page. À ces signes incontestables, on reconnaît que la voix du père entonne la partition de la petite soeur. À la fin de Corps du roi, Michon avoue : il ne sera plus Hugo, c'est épuisant, il sera Booz, l'imbécile par qui le Salut transite. Aussi humble qu'un moine franciscain, une fois n'est pas coutume, il s'en remet à la toute-puissance du ciel : « Le ciel est un très grand homme, Il est père et roi à notre place, il fait cela bien mieux que nous » (CR, 102). Les théologiens n'auront aucun mal à récupérer cela. Roublard et masqué, Michon travaille pour eux, mais sans le dire (trop) explicitement. Qu'il soit de feu ou de bois, pour mettre en mouvement le gros corps cupide, pour le racheter, il faut en effet une petite âme, une petite soeur : « animula, vagula, blandula ». Le sublime est la foi des gens de lettres

. Déjà-dans-l-'essai-sur-flaubert, il était dit que « le monde se passe de prose » (CR, 46) Michon s'ennuie ; et dans son ennui, il enveloppe l'institution tout entière : Comment ils décident que tel os sera habillé et nommé, exhibé sous les yeux des hommes dans de l'or, et tel autre anonyme et nu, bon pour la terre aveugle, nous ne le comprenons pas, seuls les mots de cynisme ou de parfaite naïveté nous viennent à l'esprit, mais sûrement pas les mots savoir et vérité

». La-messe-est-dite:-«-naïveté and «. Cynisme, ont de tout temps évincé « savoir » et « vérité Quand l'os n'a plus de moelle, quand le sel perd son goût, on le jette. Dans sa propre personne, Michon prophétise la fin. Sa grandeur, c'est de ne pas se plaindre ; de ne pas militer pour un autre monde où la littérature serait à nouveau possible. Michon redonne ainsi du lustre à la tradition de l'écrivain irresponsable, parasite splendide et innocent. En France et en Michon, la littérature se meurt ; l'écrivain le sait et s'en fiche