Style et intensité dans la prose de Mac Orlan
Résumé
Dans l'univers littéraire de Mac Orlan, il semble que la sensation qui importe, celle qui est digne d'être notée, soit celle qui se signale par son caractère " intense " – révélant ainsi l'excès comme la dimension constitutive de la vie : " il reniflait le feu, se rôtissait les jambes, le plus qu'il pouvait " (nous soulignons). L'intensité semble caractériser aussi bien la chose que le sujet sensible qui l'accueille ou se porte au-devant d'elle, selon un mouvement qui alterne ou combine élan et réceptivité. On verra tout d'abord comment cette écriture de l'intensité évite les pièges d'une rhétorique de l'hyperbole ; comment elle exploite ou déjoue le stéréotype là-même où il est le plus inévitable, dans l'expression du haut degré. Mais cette écriture des intensités ne vise-t-elle que l'expression du simple plaisir d'être vivant ? Si l'intensité constitue le ressort épique, tout autant que lyrique de cette écriture, celle-ci n'ignore pourtant pas la baisse d'intensité, ce qu'on appelle communément l'ennui. Cette approche de la vie comme intensité fait alors surgir une figure problématique de héros : le personnage de Mac Orlan est tour à tour fécondé et déserté par l'intensité, et jamais sûr d'entrer dans un rapport juste avec les multiples avatars de l'intensité.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)