Kundera : l’anti-lyrisme et ses enjeux

Stéphane Chaudier (1)

1 ALITHILA - Analyses littéraires et histoire de la langue - ULR 1061

Dans la lutte sans merci du lyrisme et de son antidote, l'anti-lyrisme, L'Insoutenable Légèreté de l'être prend parti : ce roman est un grand manifeste anti-lyrique, un catalogue des erreurs typiquement lyriques, celles que l'affect s'autorise contre un usage sain de la raison. La raison est-elle pour autant une faculté triste, qui désenchante le réel ? Kundera montre le contraire : en ensorcelant le monde, le lyrisme voue les individus au malheur ; or l'esclave tient à son malheur, qui est à la fois son oeuvre et son opium. L'illusion lyrique englobe le champ politique (par le biais de la mythologie ou du kitsch révolutionnaire) ; mais le roman analyse aussi les erreurs lyriques qui ont trait à l'amour. Reste à légitimer l'anti-lyrisme. Au nom de quoi l'illusion vaudrait-elle moins que la vérité ? La vérité, Kundera la définit comme la passion du réel. Cette passion oblige : ceux qui l'éprouvent ne peuvent pas se dérober à ce qu'elle prescrit. Il leur faut dire ce qui est ; mais ils veulent aussi vivre ce qui est – étant entendu que la vie est déchirante, parce qu'elle est à la fois complexe et contradictoire. « Vivre dans la vérité », c'est donc faire place à toutes les dimensions de la vie, à toutes ses contradictions. Mais est-ce pour autant trouver le bonheur ?

Mots clés: Milan Kundera; La Vie est ailleurs; lyrisme; politique; éthique; vérité; Stylistique

Domaines: Littératures

Stéphane Chaudier. Kundera : l’anti-lyrisme et ses enjeux . Marie-Odile Thirouin et Martine Boyer-Weinmann. Désaccords parfaits, la réception paradoxale de Milan Kundera,, ELLUG, p. 247 à 264., 2009. ⟨hal-01674998⟩