R. Bertrand, . Février, . Nivelle, . Poiret, . Abdelmalik et al., tous membres de la grande troupe des massacreurs, français et arabes, tous traîtres unis et séparés par leurs trahisons. La lecture fait de nous des corps (masculins) en guerre. Nous jouissons de leurs affects Mais il y a plus : le roman ménage une fracture abyssale entre Français et Arabes, entre ceux et celles aux émotions, aux pensées de qui nous avons en permanence accès, et ceux et celles, les Arabes, qui n'apparaissent qu'en pointillés, par intermittence, comme si la guerre, finie dans la réalité, se poursuivait dans le roman, souterraine, à basse intensité Au téléphone avec Solange, Cherfaoui reste muet, non parce qu'il est muet, mais parce que le texte choisit (avec un art consommé de la focalisation) de ne pas faire entendre sa voix. Soit. La guerre est finie ; le passé est mort ; le temps qui passe a eu sa peau. C'est pourquoi nous rêvons le passé : nous voilà indemnes, rêvant, lucides. Nous en savons désormais un peu plus sur notre incurable désir de violence, contre lequel le roman nous protège en nous le révélant ; il soigne le mal par le mal, purge l'illusion par un surcroît d'illusion lui-même source d'un, Convenons qu'un bon roman de guerre est fait pour nous faire aimer la guerre en temps de paix. À nous qui sommes des hommes ? que ressentent les femmes