« La guerre est déclarée : l'imaginaire polémique de Michel Houellebecq »
Résumé
Depuis que Michel Houellebecq le dit dans ses romans, nous ne pouvons plus l'ignorer : nous sommes bel et bien en guerre, nous vivons dans un état de guerre. Dire la guerre, la déclarer, pour la faire advenir, non en tant que réalité, puisque le réel n'a jamais eu besoin d'un langage pour exister, mais en tant qu'objet de conscience, de réflexion, d'inquiétude, telle serait l'ambition de Houellebecq romancier polémiste, romancier parce que polémiste ; et telle serait aussi la colonne vertébrale ou le fil directeur d'une oeuvre qui frappe par sa cohérence idéologique, la constance de ses préoccupations. Dans un premier temps, nous chercherons à comprendre qui, selon Houellebecq, est en guerre contre qui et pourquoi ? Pourquoi le domaine de la guerre s'est-il étendu jusqu'à recouvrir l'ensemble de l'expérience humaine ? Du premier au dernier roman, la situation change cependant quelque peu ; mais ce changement affecte moins l'état de guerre lui-même que la manière dont le héros y est exposé. C'est pourquoi, dans un second temps, nous nous concentrerons sur Soumission : le paradoxe de ce roman est en effet que la guerre tant annoncée des civilisations (entre chrétienté et islamisme) non seulement n'aura pas lieu (en France du moins), mais qu'en 2022, elle sera déjà finie : le mot qui sert de titre au roman, soumission, signifie que le vainqueur l'emporte sans même avoir besoin de livrer bataille. La narration impassible laisse au lecteur le soin de tirer toutes les conséquences d'un tel diagnostic : s'en indigner, le réfuter, ou moins probablement, s'en réjouir.
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