Protéger ou contrôler le détroit ? La Réserve de la biosphère intercontinentale de la Méditerranée Andalousie (Espagne) - Maroc - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2009

Protéger ou contrôler le détroit ? La Réserve de la biosphère intercontinentale de la Méditerranée Andalousie (Espagne) - Maroc

David Goeury

Résumé

Le détroit de Gibraltar est un espace en pleine recomposition. Principal lieu de transit entre l’Europe et l’Afrique, il est à la fois un espace de circulation et une zone de fracture. Or, parallèlement aux multiples projets politiques, économiques et culturels, le Gouvernement autonome d’Andalousie et le Haut Commissariat marocain aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification ont décidé de créer la première réserve de biosphère intercontinentale, englobant un vaste domaine terrestre sur les deux rives reliées par le couloir maritime du détroit. Ce projet, unique et novateur, a été conçu comme un modèle de coopération Nord-Sud autour d’une question qui transcende les sociétés : la protection de l’environnement. Cette communication voudrait analyser les objectifs et les méthodes de mise en place de cette vaste zone protégée. Un même programme de protection de l’environnement peut -il associer deux territoires, présentés comme possédant un héritage biogéographique et historique commun, mais qui connaissent des situations économiques très contrastées ? Son angélisme, qui s’articule autour des valeurs positives et légitimes, comme le développement durable et l’interculturalité, ne doit pas occulter la réalité des territoires. Le découpage des frontières y reste en débat, cette région est traversée de multiples flux illicites nés du différentiel économique et juridique entre l’Espagne et le Maroc, de plus, la forêt rifaine est présentée comme gangrenée par la culture extrêmement rentable du cannabis, source d’un vaste trafic en direction de l’Espagne, et enfin, elle a été, aussi, le lieu d’attente de milliers de migrants subsahariens clandestins, avant l’assaut du « mur de sécurité » de Ceuta en 2005. Par conséquent, nous posons comme hypothèse que la mise en place de la dite réserve de biosphère intercontinentale de la Méditerranée participerait d’un processus de prise de contrôle d’un territoire par des pouvoirs étatiques. Ces derniers tentent ainsi de légitimer des politiques de régulation des flux illicites, au nom des valeurs supérieures, comme la protection de l’environnement, le développement durable, l’interculturalité, érigées comme mondiales et universelles. Nous allons, donc, d’abord présenter le jeu des acteurs pour mettre à jour l’ensemble des stratégies politiques autour du projet, puis, nous nous demanderons si ce programme n’est pas la transposition d’un modèle andalou appliqué aux côtes marocaines, pour enfin, réfléchir sur le degré de participation de la population cible que sont les petits producteurs de cannabis marocains.

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hal-01656638 , version 1 (20-05-2019)

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  • HAL Id : hal-01656638 , version 1

Citer

David Goeury. Protéger ou contrôler le détroit ? La Réserve de la biosphère intercontinentale de la Méditerranée Andalousie (Espagne) - Maroc. MERS, DÉTROITS ET LITTORAUX : CHARNIÈRES OU FRONTIÈRES DES TERRITOIRES ?, L'Harmattan, 2009, 978-2-296-10833-2. ⟨hal-01656638⟩
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