Distribution spatiale et destins sociaux des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur
Résumé
La démocratisation de l'enseignement supérieur en France s'est accompagnée d'une féminisation des effectifs étudiants. Cependant, cette « ouverture » s'est aussi traduite par une forte hiérarchisation des filières (et des titres scolaires ad hoc) ; les chances d'accès à celles-ci n'étant pas distribuées au hasard mais largement tributaires de deux variables, le sexe et l'origine sociale. Si de nombreuses enquêtes confirment l'actualité de ce constat, rares sont celles à considérer conjointement les effets de genre et d'origine sociale comme on se propose de le faire ici. Sur la base de traitements statistiques réalisés à partir de l'Enquête emploi 2014, nous montrerons notamment que c'est chez les diplômés d'origine populaire que les différences de genre - en termes de cursus suivi et de destin professionnel - sont les plus fortes. En effet, les hommes privilégient les filières courtes spécialisées en technologies industrielles qui les conduisent le plus souvent vers un emploi de niveau cadre à temps plein et en CDI. Les femmes quant à elles rejoignent aussi majoritairement des études courtes mais le font plus souvent dans les filières SHS, lettres, paramédical et social, et s'orientent ainsi vers un destin professionnel plus modeste et plus précaire. Elles occupent alors plus souvent les professions intermédiaires, notamment dans les secteurs public et parapublic et sont davantage sujettes aux contrats courts et au temps partiel contraint que les hommes.