Au coeur du phénomène collaboratif : l'entraide
Résumé
Le phénomène collaboratif que ce soit dans son versant productif ou consommatoire, ne cesse de croitre. A un point même, que force de critiques, il en vient à interroger les fondements du capitalisme. Ce dernier dans sa logique d'endogéneisation cherche alors peu à peu à en récupérer la substantielle valeur. Ceci le conduit comme bien souvent à flouter ou fluidifier les frontières du monde collaboratif avec celui dont il a en charge le développement à savoir le monde marchand. L'objectif de ce chapitre est donc de revenir sur ce qui, à notre sens, est au coeur du collaboratif à savoir l'entraide, pour mieux percevoir en quoi de possibles récupérations marchandes et/ou industrielles peuvent venir ternir sa profonde identité. Pour ce faire, dans un premier temps, nous revenons sur les racines de l'entraide que l'on peut trouver au niveau rural, urbain ou désormais dans la consommation. Le second temps sera celui des logiques de l'entraide, celles que nous retrouvons dans le cadre du paradigme du don, ainsi que dans celui de l'anarchie. C'est à partir de là que nous proposerons dans un dernier temps conclusif, d'aborder les dérives de l'entraide, qui résident, selon nous justement, dans la marchandisation et la structuration des offres collaboratives. La consommation collaborative vient d'être « redécouverte » avec l'essor de l'économie collaborative ou économie du partage. En effet, pour fonctionner, ce type d'économie induit une évolution du rôle passif et unilatéral du consommateur à un rôle plus actif et bilatéral : le consommateur est aussi producteur du service rendu à un autre consommateur. Cette confusion des rôles entre consommateur et producteur dépasse le seul domaine de l'économie collaborative pour être un marqueur plus ample de la condition des individus dans les pays occidentaux. Différents termes comme ceux de co-créateur, coproducteur et « prosumer » référent à ces rôles dans lesquels les consommateurs collaborent avec d'autres consommateurs et des entreprises pour produire de la valeur (Humphreys et Grayson, 2008).