L’impact du changement climatique sur les états hydriques des sols agricoles en Normandie
Résumé
Les niveaux de production de biomasse des espaces agricoles sont étroitement associés au réservoir utilisable des sols et à son évolution tout au long des cycles végétatifs. La connaissance des propriétés des sols s’avère indispensable pour estimer de manière prospective l’impact du changement climatique sur les états hydriques de sols agricoles au cours de l’année qui conditionnent les rendements, sources incontournables de revenu pour les exploitants agricoles : il s’agit d’estimer le réservoir utilisable des sols pour percevoir l’effet du réchauffement climatique sur le dessèchement des terres agricoles
Pour apporter des éléments de réponse à la question de la sensibilité et de l’adaptabilité des systèmes de production agricole au réchauffement climatique par le prisme du réservoir utilisable, nous avons constitué tout d’abord une base de données Sol à l’échelle 1/10 000 pour deux exploitations agricoles normandes de même orientation technico-économique mais de contextes géographique, climatique et pédologique très différents. La première est localisée dans la plaine de Caen et la seconde dans la vallée de la Dives. Ces données ont permis de cartographier les sols et leurs propriétés à une échelle très fine.
La détermination et la représentation spatiale des réservoirs utilisables (RU) ont été obtenues à partir de règles de pédotransfert mobilisant les paramètres texture, épaisseur et charge en éléments grossiers de la base de données Sol. Ces RU ont été croisés ensuite avec les données mensuelles locales de températures et de précipitations de Météo France moyennées sur la période 1970-2010. Un travail analogue a été réalisé avec des données
du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) à propos d’une projection régionale du changement climatique pour la période 2070-2100 selon le scénario RCP 6.0 (Representative Concentration Pathway). Par la méthode du bilan hydrique, les données édaphiques et climatiques permettent de suivre, mois après mois et pour la période actuelle et pour 2070-2100, les états hydriques des sols des deux exploitations.