L’expérience de la normalité anormale, sur quelques photographies de Diane Arbus - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

L’expérience de la normalité anormale, sur quelques photographies de Diane Arbus

Résumé

S’intéresser aux photographies de Diane Arbus, c’est postuler l’expression d’un souci du monde qui passe par une démarche artistique où les limites à la représentation normalisée s’aventurent vers un inconnu : le monde étrange des marges et des hommes qui la peuplent. L’étonnement devant ces clichés se prolonge dans une vision qui va jusqu’à modifier notre perception du monde, et de façon plus précise notre rapport à l’autre. Une impression visuelle qui concerne moins les sujets – les groupes sociaux issus de minorités marginales – que la nature même de ces photographies. Si le format carré des images en noir et blanc emprisonne les modèles dans un espace où aucune échappatoire ne semble possible, c’est davantage dans l’échange de regards entre le modèle et la photographe que se noue une tension du visible. Une tension qui soutient un profond vertige pour celui qui sait voir « qu’avant de se saisir d’une image pour la soumettre à l’analyse, il est un temps qui dure peut-être en nous où c’est elle qui nous saisit. » Cette façon d’appréhender les images, ouvertes à l’hypothèse figurale progresse « entre saisie et saisissement, entre savoir et abandon. » À titre de premier exemple, arrêtons-nous un instant sur la photographie de cet enfant avec une grenade en plastique . Sa maigreur anormale côtoie l’étrangeté d’une main crispée qui nous fait oublier la figure dans son ensemble. Elle s’efface devant la distance entre le corps qui regarde, et la proximité naturelle avec laquelle Arbus met en scène ces portraits. La figure familière devient étrange, provoquant une dissymétrie de l’événement représenté que l’on surmonte en acceptant une forme de déchirure à l’image. Cette faille, Susan Sontag l’a bien montrée dans son essai sur la photographie lorsqu’elle évoque la violence d’une représentation qui s’expose à nous dans un double mouvement : une première fois en tant que révélation de l’événement, et une deuxième fois en tant que banalité de l’événement par accumulation d’images.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01517488 , version 1 (03-05-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01517488 , version 1

Citer

Benjamin Léon. L’expérience de la normalité anormale, sur quelques photographies de Diane Arbus . Le souci du monde , École Doctorale Arts & Médias - ED 267, Nov 2011, Paris France. pp.27-33. ⟨hal-01517488⟩
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