A Name for a Monument: Epitaphs of Native America in James Fenimore Cooper and Lydia Howard Sigourney. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

A Name for a Monument: Epitaphs of Native America in James Fenimore Cooper and Lydia Howard Sigourney.

Résumé

Soulignant les paradoxes d’une entreprise commémorative nationale, le dernier article présenté dans ce dossier revient sur la question de la nation, à partir d’une réflexion sur le monument et la traduction : le monument littéraire y est compris comme une tentative de traduire dans une langue commune ce qu’il reste d’une altérité « native », une altérité que la nation incorpore, dont elle fait sa signature, tout en la figeant dans le marbre glacé d’une mémoire louangeuse. Malgré leur fonction édifiante et définitoire, les monuments de la jeune Amérique, pourtant, sont plutôt des lieux de transactions, espaces mouvants où se jouent les identités plus qu’elles ne s’affermissent. L’Indien, ou plutôt son nom, et les vestiges de sa langue, hante les textes ici mis en regard : la fin de The Pioneers (1823) de James Fenimore Cooper et le poème « Indian Names » (1838) de Lydia Sigourney. En quête d’une mémoire nationale à l’heure où s’éteignent les héros de la révolution, l’Amérique veut bien puiser dans le passé aborigène une autorisation nationale qui effacerait le sous-texte anglais ; mais ce « passé antérieur » ne vaut que s’il est révolu. Chez Cooper, comme chez Sigourney, le nom-monument menace donc d’oblitérer autant qu’il commémore. Supplément indigène nécessaire à une nationalisation à rebours, l’indianité n’est efficace que si elle reste lettre morte, label intraduisible. Transcrit dans le poème ou sur la stèle, le nom Indien ne serait plus qu’une légende ; sauvé comme monument, il serait perdu comme signifiant – inscription pétrifiée, figure spectrale. Pourtant, ni le poème de Sigourney, ni le roman de Cooper ne ressemblent à ces bas-reliefs lisses et immuables que l’Amérique se donne alors pour emblèmes ; dans ces textes-monuments, le nom indien n’a rien perdu de sa turbulence ; il aliène la langue nationale en même temps qu’il l’autorise, et, de son inquiétante étrangeté, continue de signifier l’impossible adéquation de la nation avec elle-même. Au lieu même de la fabrique du national, les monuments littéraires que proposent donc, chacun à sa façon, les « mémoires indiens » de Sigourney ou de Cooper interrogent autant qu’ils célèbrent l’histoire et la mémoire ; hantés par le vide et l’oblitération dont ils tentent de faire œuvre, ces textes troubles, dans un ultime geste réflexif, se posent la question de ce qui les fonde, ou les fait tenir.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01513853 , version 1 (25-04-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01513853 , version 1

Citer

Cécile Roudeau. A Name for a Monument: Epitaphs of Native America in James Fenimore Cooper and Lydia Howard Sigourney.. Marc Porée; Christine Savinel. Coordination éditoriale: Charlotte Gould, Catherine Lanone; Antonia Rigaud; Cécile Roudeau. Monument et modernité dans l’art et la littérature britanniques et américains, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2015, Monument et modernité dans l’art et la littérature britanniques et américains. 9782878546262. ⟨hal-01513853⟩
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