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Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Localisation ciblée des réductions phonétiques dans la dysarthrie

Résumé

Les patients atteints de dysarthrie souffrent de troubles moteurs qui invalident, entre autres, leur production de parole. L'affaiblissement des consonnes est notamment l'une des caractéristiques majeures de la parole de ces patients [1]. Une étude récente [2] montre que l'omission des consonnes occlusives est plus fréquente dans des positions propices à l'élision (consonnes de liaison ou consonnes précédant un schwa). Ces résultats suggèrent que les locuteurs dysarthriques pourraient « contrôler » leur déficit moteur de manière à omettre ou à réduire les consonnes se trouvant dans des positions où la réduction est fréquente et donc attendue, préservant ainsi l'intelligibilité de la parole. Dans cette perspective, l'étude de la consonne /r/ est particulièrement intéressante. En effet, cette consonne est souvent réduite, omise ou assimilée chez le locuteur sain. C'est, en outre, le phonème du français qui comporte le plus de réalisations allophoniques. En d'autres termes, sa nature autorise des productions variées sans qu'il y ait de fortes conséquences sur l'intelligibilité. Notre hypothèse est donc que cette consonne pourrait être plus altérée chez les locuteurs dysarthriques. Cette altération "stratégique" permettrait une réduction de l'effort articulatoire en limitant la réduction de l'intelligibilité. Tous contextes de réalisation confondus, les résultats montrent clairement que l'omission du /r/ est surreprésentée par rapport à celle du /t/ chez les trois populations dysarthriques. Le nombre d'omissions est également plus élevé pour le /r/ que pour le /t/ chez les locuteurs sains mais dans une moindre mesure. On note également que le pourcentage d'omission des /r/ augmente plus nettement lorsqu'il précède un schwa, particulièrement chez les locuteurs dysarthriques. Ces résultats vont dans le sens de notre hypothèse: les locuteurs dysarthriques montrent les mêmes tendances à la réduction que les locuteurs sains mais l'altération des phonèmes est plus prononcée sur des zones naturellement plus variables et instables. Il semble donc que, dans une situation de déficit moteur, le maintien de l'intelligibilité impose des choix stratégiques (même si inconscients) quant au relâchement des contraintes articulatoires.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01498885 , version 1 (30-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01498885 , version 1

Citer

Christine Meunier, Aurélie Dolcemascolo, Mathilde Faure, Laurianne Georgeton. Localisation ciblée des réductions phonétiques dans la dysarthrie. Journées de Phonétique Clinique 6, Jun 2015, Montpellier, France. non paginé. ⟨hal-01498885⟩
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