Une « dépolitisation » de l’action collective des femmes ? Réflexions croisées sur le Nicaragua et la Palestine
Résumé
L’article interroge, dans une perspective comparatiste Palestine/Nicaragua, les formes de politisation et de dépolitisation de l’action collective des femmes, à partir des acceptions indigènes et exogènes de ces notions, et d’une perspective empirique relative aux mobilisations féministes et de femmes dans chacun des deux pays. Il analyse les déplacements idéologiques et pratiques d’actions collectives dont les répertoires de mobilisation ont été réagencés sous l’effet de l’épuisement progressif des référents marxistes-léninistes, des recompositions de la conflictualité politique et de la part qu’y prend la violence, des adaptations stratégiques aux financeurs du développement. Il soutient enfin que loin de toute dépolitisation — terme parfois repris pour souligner le caractère déchu des utopies qui ont été à l’œuvre ou pour signaler l’effet d’institutionnalisation des groupes revendicatifs par la forme ONG — on assiste plutôt à de nouveaux rapports de force entre la quête de lissage des conflits par les financeurs externes des associations, et la recherche de modes d’agir radicaux.