Robert Cooper et Gibson Burrel - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2009

Robert Cooper et Gibson Burrel

Résumé

De 1988 à 1994, Robert Cooper et Gibson Burrel, alors tous deux professeurs à l’université de Lancaster (Royaume Uni) au Département Behaviour in Organizations, publient une série de quatre articles intitulés Modernism, Postmodernism and Organizational Analysis dans la revue Organization Studies. Ces contributions présentent les traits majeurs du postmodernisme, entendu comme un discours épistémologique, théorique et méthodologique (et non comme une période) qui se veut rompre avec ce que les postmodernes appellent le discours moderne. Le premier article (Cooper et Burrel, 1988) distingue les discours modernes et postmodernes, ainsi que leurs différentes conceptions de l’organisation. Les articles suivants (Burrel, 1988 ; Cooper, 1989) présentent les travaux de Jacques Derrida et de Michel Foucault et analysent, au travers de leur regard, la nature et la formation des discours et théories sur les organisations. Le dernier article (Burrel, 1994), de nature plus polémique, expose les travaux du philosophe et sociologue critique Jürgen Habermas, donnant ainsi voix à une défense du modernisme et des théories des organisations contre les attaques du postmodernisme. Cet ensemble d’articles a introduit les idées majeures du mouvement postmoderne et contribué à diffuser, en théorie des organisations, les travaux de philosophes français comme Derrida, Lyotard, Foucault, et, dans une moindre mesure, Deleuze. Il revêt de fait un statut particulier parmi les nombreuses contributions consacrées au postmodernisme qui lui ont succédé dans ce champ (voir Hassard, 1993 ; Chia, 1995 ; Alvesson et Deetz, 1996). Outre que cette contribution est considérée comme inspiratrice, fondatrice de ce courant en théorie des organisations (e.g. Hassard, 1993 ; Calàs et Smircich, 1999), les présentations et analyses du postmodernisme qu’elle propose sont souvent reprises directement par les chercheurs s’inscrivant dans cette perspective . Elle a de fait concouru à l’introduction des approches déconstructives et généalogiques en théorie des organisations. Plus indirectement, ce travail a aussi servi de point d’ancrage aux critiques et débats parfois virulents ayant opposé postmodernistes, modernistes critiques (Parker, 1995 ; Alvesson, 1995) et féministes poststructuralistes (Hearn et Parkin, 1993 ; Calàs et Smircich, 1992), débats qui, une fois apaisés, ont laissé la place au renouveau critique que connaissent la théorie des organisations et certaines disciplines de la gestion (voir Golsorkhi, Huault et Leca, 2009 ; Golsorkhi, Rouleau, Seidl et Vaara, 2009). L’écho dont a bénéficié le travail de Cooper et Burrel, et plus largement, l’impact des idées postmodernes en théorie des organisations, n’auraient sans doute pas été si importants si le « paradigme dominant » du positivisme et du fonctionnalisme n’avait déjà été fortement ébranlé par l’apparition d’autres perspectives au début des années 70. À cette période, les recherches en théories des organisations sont marquées par le développement des courants socio-constructioniste ou interprétatif. Ce développement s’accompagne de réflexions sur la multiplicité des paradigmes (Burrel et Morgan, 1979 ; Silverman, 1970) et de questionnements quant au caractère construit des objets d’études (Van Maanen, 1988), au centre desquels la « textualité des écrits théoriques » (Calàs et Smircich, 1999) et le caractère politique de la constitution des connaissances sont en particulier soulignés. Ainsi, le premier article de Cooper et Burrel (1988) paraît alors que ces méta-analyses et critiques avaient dores et déjà ouvert un « espace épistémologique » pour une réflexion postmoderne (Calàs et Smircich, 1999 : 652). Abordant le courant postmoderne et par contraste avec le courant ‘moderne’, et par la pensée de ses figures majeures, employant des niveaux de lecture (philosophiques, théoriques, méthodologiques, voire éthiques) et des modalités de traitement (celui de la description, celui de l’analyse, voire celui de la polémique) différents, les articles de Cooper et Burrel ne sont pas d’un accès très aisé. L’écriture des auteurs elle-même qui se veut « respectueuse de la phraséologie, des concepts et des formes d’expérience (Cooper et Burrel, 1988 : 92) » des œuvres qu’ils abordent, amplifie le sentiment d’hermétisme et de réelle difficulté que l’on peut ressentir à la lecture de ces travaux. La ré-écriture que nous en proposons ici ne saurait en donner une représentation fidèle, encore moins exhaustive. Nous présentons dans un premier temps la vision du modernisme qu’exposent Cooper et Burrel (1988) dans leur premier article et, par contraste, les traits majeurs du discours postmoderne et l’approche analytique qu’il implique. Certaines des conséquences envisagées par les auteurs pour la conception des organisations d’une part, et pour la théorie des organisations d’autre part, sont ensuite exposées. Nous concluons en abordant les grandes lignes des débats ayant émaillé le développement du courant postmoderne et ses incidences marquantes en théorie des organisations.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01495022 , version 1 (24-03-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01495022 , version 1

Citer

Florence Allard-Poesi. Robert Cooper et Gibson Burrel . S. Charreire et I. Huault Les grands auteurs en management, 2ième édition, EMS, pp.599-618, 2009. ⟨hal-01495022⟩
192 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More