Is intensity a relevant criterion in the perception of spontaneous speech? The case of emphasis in English.
Résumé
Analysing intensity in spontaneous speech is most delicate. However, for reasons that will be given in detail, this paper shows that the measurements seem relevant and that it is therefore possible to consider intensity as a key factor in acoustic studies on oral spontaneous speech. Minute analyses are thus carried out on a corpus of English spontaneous speech and described here, and the statistical analyses on the whole corpus show that fundamental frequency is not the most important acoustic correlate of emphasis, as is widely agreed in the literature, but that the combination of intensity and duration is the most relevant cue for emphasis. This parameter is called total amplitude, i.e. the energy spent to utter a segment of speech. The statistical analysis carried out for each speaker and for the different speech styles also points out that different parameters are important in the perception of emphasis in spontaneous speech and for some speakers, intensity is the most relevant criterion, whether it be very high, or very low.
L'intensité est un paramètre acoustique difficilement analysable. Les outils performants dont le chercheur dispose actuellement permettent bien entendu de mesurer l'intensité pour des données orales, mais ces valeurs sont-elles réellement pertinentes ? Les études précises sur l'intensité sont basées sur de la parole de laboratoire pour lesquelles les enregistrements sont effectués dans des conditions optimales (Campbell & Beckman, 1995 ; Sluitjer & Van Heuven, 1993, 1996). Car en effet lorsque l'on s'intéresse à l'intensité, un problème crucial surgit : comment interpréter des données sur l'intensité globale alors que l'on sait que si le locuteur tourne la tête par exemple ou passe son bras devant sa bouche, l'intensité va varier ? De même l'intensité donnera des mesures différentes en fonction de la qualité des micros utilisés. Ainsi l'analyse de l'intensité dans la parole spontanée semble délicate. Nous avons néanmoins décidé de prendre le risque et avons procédé à des analyses de l'intensité sur un corpus de parole spontanée (Herment-Dujardin, 2001). Nous avons cherché à déterminer l'importance de l'intensité pour l'emphase. Nous décrirons dans un premier temps les pré-analyses qui nous ont permis de vérifier que même dans des conditions non optimales, les résultats sur de la parole spontanée semblent néanmoins révélateurs : nous avons pour cela mesuré grâce au logiciel PRAAT (Boersma & Weenik, 1996) l'intensité sur les voyelles accentuées, les voyelles inaccentuées et les voyelles réduites chez 4 locuteurs (52 segments très courts au total). Les résultats étant très encourageants, nous avons donc procédé à l'analyse de l'intensité en relation avec l'emphase. Il est généralement admis que les corrélats acoustiques les plus importants dans la perception de l'emphase sont, dans l'ordre : la fréquence fondamentale, la durée et l'intensité (Hirst & Di Cristo, 1998). Beckman (1986) parle également de l'amplitude totale, c'est-à-dire l'association de l'intensité et de la durée. Nous avons donc pris ce paramètre en compte également et avons effectué des mesures de fréquence fondamentale, durée, intensité et amplitude totale sur des segments de notre corpus étiquetés emphatiques ou non emphatiques par des auditeurs natifs (ce corpus est composé de 10 locuteurs et les segments sélectionnés pour l'écoute représentent environ 20 minutes). Une étude statistique complexe montre que dans notre corpus, ce n'est pas la fréquence fondamentale qui ressort comme le paramètre le plus important mais l'amplitude totale. L'étude statistique par locuteur montre également que des paramètres différents ressortent en fonction des types de discours et également en fonction des locuteurs. Nous montrerons donc que chez certains locuteurs, l'emphase est essentiellement rendue grâce à l'intensité et parfois même grâce à une chute d'intensité et non une hausse. Nous conclurons donc que l'intensité joue un rôle primordial à l'oral et qu'il s'agit bien d'une donnée acoustique extrêmement pertinente.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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