Ukrainiens du Montargois et des Arméniens de Montréal : quelles patrimonialisations des mémoires de migrants ?
Résumé
Depuis une dizaine d’années, la question de la patrimonialisation des mémoires de migrants est devenue une préoccupation centrale de bon nombre de chercheurs en sciences en humaines, faisant l’objet de travaux, de colloques et d’expositions autour de l’ouverture d’institutions patrimoniales dédiées à l’histoire des migrations, aussi bien en France qu’en Amérique du Nord . L’inflexion des travaux des spécialistes des migrations et des relations interethniques d’une part et de ceux du patrimoine d’autre part vers la patrimonialisation des mémoires des migrants conduit également à une inflation éditoriale récente sur ce thème . C’est ainsi que Marie-Blanche Fourcade et Véronique Dassié, travaillant l’une sur les intérieurs domestiques des Arméniens de Montréal et, l’autre, sur la conservation des objets souvenirs en France, en sont venues à interroger les pratiques domestiques à l’aune de la patrimonialisation des mémoires de migrants.
Ces expériences alimentent la réflexion sur les processus de patrimonialisation à partir d’un point de vue « domestique », c’est-à-dire à partir du regard que peuvent avoir les migrants et leurs descendants sur leur propre héritage migratoire. L'article analyse l’articulation entre les dimensions privées et publiques dans ces processus de construction patrimoniale ainsi que sur leurs différentes interactions avec la formation des identités, il s’est avéré particulièrement intéressant de voir que sur ces deux terrains, si dissemblables tant du point de vue social et politique que des configurations locales et nationales, se retrouvent des sentiments, des pratiques, des formes d’engagement et des préoccupations mémorielles, patrimoniales et identitaires particulièrement proches.