Survivre à l'inondation : pour une ethnologie de la catastrophe. Julien Langumier ENS Editions, 2008, 360p. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Natures Sciences Sociétés Année : 2010

Survivre à l'inondation : pour une ethnologie de la catastrophe. Julien Langumier ENS Editions, 2008, 360p.

Résumé

Dans le domaine de la gestion des risques, et dans celle des inondations en particulier, un accent important a récemment été mis sur la promotion de l'information et de l'activation d'une dite « culture du risque ». Cette évolution notable émane principalement des limites attestées des politiques basées sur la technique et la maîtrise des inondations par les experts ou la puissance publique. Face à cet enjeu, les regards anthropologiques s'avèrent pertinents en ce qu'ils permettent une compréhension fine de la relation entretenue par les habitants avec le risque et la catastrophe. Le regard que nous propose Julien Langumier dans son ouvrage est de ceux-là. Il y restitue le travail ethnographique qu'il a mené durant sa thèse à Cuxac-d'Aude, village du Sud de la France dramatiquement inondé en novembre 1999. Si les projecteurs des médias sur la catastrophe orientèrent son intérêt pour le site, son regard d'ethnologue se porta sur le retour à l'anonymat d'un village sinistré, sur ce qui se passe lorsque le sujet disparaît de la chambre d'échos des médias et que ceux qui (sur)vivent dans cette zone à risque s'en retournent à leur quotidien. À travers une monographie thématique, J. Langumier va ainsi restituer les modes d'appropriation de la tragédie au niveau local. Cette étude de cas, pour locale qu'elle soit, a une portée générale en ce qu'elle « enseigne et renseigne sur les façons d'explorer anthropologiquement ces matériaux ténus, réels ou virtuels, écrits ou oraux, conscients ou inconscients qui ordonnent désormais la vie des gens qui résident là » (Zonabend, préface, 2008). Son travail de thèse tout comme l'ouvrage qui en rend compte s'organisent en trois temps, traduisant la dynamique de la recherche qui a progressivement réinscrit l'événement dans le quotidien : l'événement-récit, l'événement-cause et l'événement-mémoire. La première partie – l'événement-récit et les pratiques de témoignages – retrace les débuts de l'enquête, marqués par la volonté des personnes interrogées de raconter la catastrophe. L'auteur nous livre fidèlement ce « pathos des inondations » (chapitre 1) et nous montre, à l'appui de nombreux extraits d'entretiens, comment le récit de la catastrophe apparaît comme un passage obligé pour la personne touchée. Le récit prend la forme d'un monologue exalté, performatif et dramatique, aux structures discursives toujours similaires. Le discours personnel, retraçant un vécu singulier, s'inscrit dans un drame collectif, lui conférant une valeur. L'interpénétration des registres individuels et collectifs est continue, que ce soit pour se justifier par le témoignage, qualifier la catastrophe ou rendre public son récit. Ce récit public de la catastrophe trouve ses limites dans les silences et non-dits.
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hal-01470829 , version 1 (17-02-2017)

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  • HAL Id : hal-01470829 , version 1

Citer

Séverine Durand. Survivre à l'inondation : pour une ethnologie de la catastrophe. Julien Langumier ENS Editions, 2008, 360p.. Natures Sciences Sociétés, 2010, 18 (1), pp.86-88. ⟨hal-01470829⟩
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