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Article Dans Une Revue Presse Info INRA Année : 2011

Un grand pas dans la lutte contre les mammites.

Yves Le Loir
Sergine Even

Résumé

Un grand pas dans la lutte contre les mammites vient d'être réalisé par des chercheurs de l'Inra et de l'Anses. Les protéines spécifiquement produites par les souches pathogènes de staphylocoque doré ont été identifiés. Cette première étape en amènera d'autre dans la découverte des points faibles du pathogène, en attendant de le combattre définitivement. Les infections intra-mammaires, communément appelées mammites, sont la principale cause de pertes économiques en production laitière. Divers agents pathogènes en sont responsables, mais le staphylocoque doré est l’un des plus fréquents et le plus difficile à combattre. Les mammites Les mammites peuvent être très virulentes, gangrénant la mamelle et aboutissant à la mort de l’animal. Elles peuvent aussi être plus modérées et même passer inaperçues. Tout dépend de la souche infectieuse, ainsi que de facteurs comme l’état de santé des animaux, leur âge ou leur sensibilité aux pathogènes. Lorsque la mammite est due à la bactérie Staphylococcus aureus, les traitements antibiotiques s’avèrent souvent inefficaces, et les rechutes chez les animaux antérieurement infectés sont fréquentes. Les vaccins disponibles à ce jour ne montrent qu’une efficacité limitée dans la prévention contre ce pathogène. Des chercheurs de l’Inra et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sont parvenus pour la première fois à identifier des protéines de cette bactérie qui provoquent une réponse immunitaire lors d’une mammite chez les ovins. Ils ont également identifié des protéines spécifiquement produites par des souches pathogènes provoquant des mammites sévères ou des mammites modérées. Ces travaux vont permettre de mieux comprendre le processus d’infection par le staphylocoque et, par la suite, de lui découvrir de nouveaux points faibles. Du cancer à la mammite Les mammites constituent un problème grave pour les éleveurs ovins, bovins et caprins en termes de manque à gagner, de coût vétérinaire et de surcharge de travail. Chez les bovins, les pertes économiques liées aux mammites sont évaluées dans le monde à environ 5000 €/an/troupeau de 100 vaches. Une raison motivante pour ces chercheurs français qui ont commencé par répertorier les protéines des staphylocoques provoquant une réponse immunitaire. Pour y parvenir, ils ont utilisé une technique appelée Serpa (SERological Proteome Analysis), mise au point à l’origine pour identifier de nouveaux marqueurs du cancer chez l’homme. Cette méthode consiste à mettre en présence l’ensemble des protéines du pathogène, obtenues par culture bactérienne, et les anticorps présents dans le sang de brebis infectées.Cette méthode, utilisée sur deux souches de S. aureus – l’une très virulente, l’autre peu virulente – a permis l’identification de 89 protéines du staphylocoque doré réagissant avec le système immunitaire des ovins. Parmi ces protéines, 52 avaient déjà été décrites dans d’autres types d’infections sur divers organismes (humains, rats ou vaches). Mais c’est une avancée majeure pour 37 autres dans la mesure où les scientifiques ignoraient jusque là qu’elles constituaient des antigènes capables de déclencher une réponse immunitaire chez les ruminants. « Ceci ouvre des perspectives inédites dans la lutte contre S. aureus, notamment dans la mise au point d’un futur vaccin », résumait Yves Le Loir (Inra Rennes), en charge de l’Unité mixte de recherche ‘Science et Technologie du Lait et de l'œuf’ le 21 juillet dernier dans un document diffusé sur le site de l’Inra. Autre information de taille : 12 des 89 protéines étudiées sont spécifiques de la souche virulente et trois sont inféodées à la souche modérée. « Ces protéines spécifiques s’avèrent être d’excellents marqueurs pour reconnaître les différentes souches et tracer les plus agressives. » Mieux comprendre les stratégies d’infection D’autres travaux vont évidemment découler de ces premiers résultats prometteurs, à commencer par la fonction des protéines répertoriées. Les chercheurs ont déjà identifié des protéines de résistance au stress, des protéines du métabolisme du fer et des toxines.Ces informations leur serviront pour mieux comprendre les stratégies d’infection mises en œuvre par le staphylocoque doré, ainsi que les stress et les carences qu’il doit surmonter afin de croître dans les mamelles et y provoquer une mammite. Enfin, « l’étude des relations hôte-pathogène que ces travaux vont générer permettra de révéler de nouvelles cibles pour attaquer S. aureus et de mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques et de nouvelles mesures de prévention », concluait Yves Le Loir.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01454516 , version 1 (02-02-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01454516 , version 1
  • PRODINRA : 310125

Citer

Yves Le Loir, Sergine Even. Un grand pas dans la lutte contre les mammites.. Presse Info INRA, 2011, 21/07/2011. ⟨hal-01454516⟩
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