L'appel du vide. Régy, Beckett, Derrida - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Incertains regards. Cahiers dramaturgiques. Année : 2015

L'appel du vide. Régy, Beckett, Derrida

Résumé

Parce que le vide appelle. Du théâtre comme de la page, le vide est l'intuition pure : l'hypothèse, le temps avant le début, et l'espace premier où commencer. Page blanche : écriture possible – scène pensable. Si le vide est ce corps premier, il est ainsi ce matériau de base à partir duquel penser, écrire, jouer. Aux trois tâches intervenues aux trois moments du théâtre, le livre est le recueil d'un dernier paradoxe, fécond et libérateur. L'espace du vide, où le dire est le rompre, où l'appeler est l'interrompre : où faire usage du vide est une façon de contre‑dire le vide, et de le nommer. Soit donc trois auteurs : un metteur en scène, un auteur, un philosophe. Rien de comparable entre eux, si ce n'est ce préalable du vide sur la page avant le geste qui vient à la fois le rejoindre et le nier, et par l'écriture l'emplir. Soit trois livres, que rien ne peut lier exceptée cette tâche, commune à tous livres, mais ici plus sensiblement convoquée dans le désir même de l'écriture. Où le vide est, ici, traversé, ici la pensée, le corps, l'oeuvre sont appelés. Soit trois écritures, dissemblables et frères : Claude Régy, Samuel Beckett, Jacques Derrida – trois livres oeuvrés dans le vide, et par le vide liés. De Claude Régy : Espaces perdus Publié aux Solitaires Intempestifs en 1998, le livre reprend le texte édité une première fois chez Plon, dans la collection Carnets alors dirigée par Alain Veinstein, et couvre la période 1968‑1988 du metteur en scène. Historiographie d'un travail en cours ; regard en arrière sur ce qui a été entrepris, échecs et réussites ; notes sur le vif, pensées brutes et latentes ; réflexions sur le théâtre, l'art du comédien, la politique du spectacle : Espaces perdus est certes tout cela, mais davantage l'écriture d'un trajet. Le texte dessine la chronologie d'une oeuvre multiple, par esquisses successives : cinq chapitres d'inégales longueurs forment l'architecture d'un ouvrage où la rigueur mathématique fraie au sein d'un espace librement consenti au déploiement de la langue. Retenant certains spectacles 1 (considérables ou marginaux), passant sous silence d'autres (la plupart), cherchant moins la cohérence d'une oeuvre que la localisation de seuils franchis, ces endroits rêvés de passage. Cette immensité précise comme un rêve, maintenant nous ne voudrions plus la quitter. Nous sommes passés du profane au sacré, sans que se manifeste aucune cérémonie. Le théâtre n'est pas pur. Il n'est ni sacré ni profane. La profanation du sacré est aussi religieuse que son contraire. Ce qui importe, c'est le passage, il ne faudrait jamais rien voir sur un théâtre que ça : l'invisible mouvement de ce passage mais sans cesse perpétué.
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  • HAL Id : hal-01453250 , version 1

Citer

Arnaud Maïsetti. L'appel du vide. Régy, Beckett, Derrida. Incertains regards. Cahiers dramaturgiques., 2015, La plasticité du vide : espace scénique, espace poétique, 4, p. 113-124. ⟨hal-01453250⟩
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