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Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Quand le signe fait science : de la bosse du crime au criminel né

Résumé

Lorsque l’on questionne les représentations du criminel sur la longue durée, le XIXe siècle apparaît de prime abord comme un moment singulier. C’est le siècle de la naissance de la criminologie, science consacrée au phénomène criminel. C’est le siècle de la mise en œuvre d’un savoir qui dessine les contours d’une nouvelle figure criminelle dans le cadre d’un paradigme d’anthropologie naturaliste. C’est enfin le siècle qui marque le triomphe des premiers théoriciens de la reconnaissance visuelle des criminels. C’est à ce dernier titre qu’Alphonse Bertillon et Cesare Lombroso conservent aujourd’hui encore une place dans la mémoire sociale comme dans l’histoire des sciences. Si on les accepte sans plus d’analyse, ces caractéristiques inclinent à percevoir le XIXe siècle comme un moment singulier, s’inscrivant aussi bien en rupture avec ce qui le précède qu’avec ce qui le suit. Cette évidence est discutable d’un point de vue épistémologique. Elle est surtout trop réductrice sur le plan historique, en ce qu’elle masque la complexité de la période. Au XIXe siècle, « la » science ne porte pas un discours univoque sur « le » criminel. Constitué en objet d’étude, les infracteurs font l’objet de théories et de débats contradictoires. Certains savoirs scientifiques génèrent des lectures du criminel dissidentes qui n’entrent pas dans le paradigme naturaliste. La statistique, la psychologie, la sociologie proposent ainsi des interprétations qui ne sont pas centrées sur la possibilité d’une reconnaissance distincte, d’une typologie visuelle du criminel. Le caractère novateur de ces discours savants doit lui aussi être relativisé. Replacé dans leur contexte, ces savoirs laissent apparaître la persistance ou la résurgence d’anciennes théories et des filiations bien antérieures à la période révolutionnaire, telle la physiognomonie par exemple. Il existe également un réel partage de certaines figurations stéréotypées et une large perméabilité entre les énoncés savants et les récits littéraires. Enfin, à côté de l’essor de la presse de faits divers, d’anciens vecteurs de diffusion des représentations du crime et du criminel traversent le siècle sans disparaître. C’est le cas des complaintes criminelles, imprimées sur des feuilles volantes dont les gravures sur bois sont souvent redondantes. Si la recherche du type criminel est donc bien une préoccupation majeure de la science du XIXe siècle, elle n’en constitue pas un élément exclusif. Nous souhaitons retracer ici la dynamique de cette quête scientifique, qui marqua une incontestable dynamique d’extension jusqu’à la fin des années 1880.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01452593 , version 1 (02-02-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01452593 , version 1

Citer

Marc Renneville. Quand le signe fait science : de la bosse du crime au criminel né. Amélie Bernazzani. Les enfants de Caïn : les représentations du criminel en France et en Italie, de la Renaissance au début du XXe siècle , Brépols, pp.61-77, 2017, 978-2-503-56931-4. ⟨hal-01452593⟩
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