Les stèles gravées néolithiques de Beyssan à Gargas (Vaucluse) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Bulletin de la Société préhistorique française Année : 2015

Les stèles gravées néolithiques de Beyssan à Gargas (Vaucluse)

Résumé

The Provence Neolithic stelae with chevron ornamentation are well known, with more than fifty monuments currently recorded. The two new stelae from Gargas were discovered during a field survey on the northern border of the Calavon plain, about 45 km east of Avignon. The area has a high concentration of archaeological sites, many excavated in the past: La Brémonde (Buoux), Les Martin (Roussillon), Les Fabrys (Bonnieux) and the Ubac dolmen (Goult). Stela 1 is complete but deteriorated in places. Its surface is encrusted. It is however possible to identify the stone as a compact, fine limestone. The general shape is triangular, with the sides and top slightly convex. The slightly concave front face indicates that the surface was pick-dressed prior to being decorated. The reserved part at the centre is deteriorated. It is not hollowed as it is usually the case for Provence stelae. This reserved vertical area narrows in its middle then gets wider towards the bottom. Anatomical details such as the eyebrows-nose-eyes block are not visible because of the deterioration of the stela but what is left of the reserved area does not show any relief or hollows. Two vertical bands decorated with parallel oblique lines running outwards are engraved on both sides of this area. The ornamentation on the top part consists of four levels: two smooth horizontal bands, one row of simple horizontal chevrons, two horizontal series of parallel oblique lines, and one row of double horizontal chevrons. The engravings are enhanced with a bright red colour which has been identified as cinnabar. Stela 2 is not complete: its base is missing. Its whole surface is encrusted. The raw material is a little more grainy than the one used for stela 1. The flat, locally convex, main face does not seem to have been pick-dressed. The ornamentation is engraved and also enhanced with a bright red colour here again identified as cinnabar. It is simpler and less carefully made than on stela 1. It is organized in three areas around the vertical reserved surface, which does not seem to have hollows, sculpted reliefs or colour. No anatomical details (eyebrows-nose-eyes) are represented. The lateral vertical bands are simple, consisting of series of parallel oblique lines running outwards. Two horizontal bands appear on the top part of the stela: a narrow band, whose ornamentation is difficult to see, above which is a series of double chevrons. The overall structure of this artwork is in accordance with that seen on other stelae in Provence, but the central band, with its form and lack of any realist figuration, is a more original feature. The site of the discovery, on the Calavon plain (North Luberon), is in the northern part of the distribution area of engraved stelae. This confirms that several stelae are associated with the Calavon valley, in the same way as other stelae groups are associated with the Arc or Durance valleys. The two Gargas stelae are part of a group initially called B, then ‘Lower-Durance group’ or ‘chevron-ornamented stelae group or Durance-group’. The ornamentation on these stelae is limited to the representation of a head consisting of the shape of the face, hollowed out, and a series of chevrons carved in relief. The ornamentation on the Gargas stelae is not in relief but engraved. Following Gagnière and Granier’s definition a third group (stelae with painted ornamentation, or Château Blanc type) was identified, including the stelae from Château Blanc (Ventabren) and those from Goult/Ubac. These were carefully shaped, were not engraved but have traces of red pigment. While the overall structure of the engraved ornamentation of the Gargas stelae is consistent with what was already known, some details are more original: the shape of the face has sides widening towards the bottom and does not include a nose or eyes. The two stelae from Gargas were unearthed subsequently to ploughing and associated material points to evidence for a context which is probably poorly preserved due to the location of the site and regular agricultural work. This material is a particularly spectacular assemblage as is sometimes found in Vaucluse. It comes from various locations around Beyssan. A first examination shows significant homogeneity. Chipped flint tools dominate the assemblage, with a majority of “blond” flint from the area of Murs. Besides flint, the site has yielded finds in obsidian originating from Monte Arci, Sardinia. Though generally found outside any archaeological context, Provence stelae with chevron ornamentation are relatively well dated. They have always been dated to the Middle Neolithic, and more exactly to the Late Chasséen. They therefore precede the tradition of large anthropomorphic statuary of the end of the Neolithic period. The Gargas discoveries confirm this; their chrono-cultural context dates to the end of the Middle Neolithic, between 3800 and 3600 BC. While the Provence stelae can be considered as well dated overall, the nature of their context has not yet been well understood. A link with funerary practices is obvious at Goult and Château Blanc and can be suggested at Bastidonne and maybe at Puyvert. However, stelae are not directly associated with burials. Moreover, late Neolithic cemeteries which have been extensively excavated have not yielded such monuments. It seems therefore that the Provence stelae are a particular phenomenon, which could be associated with sites of an ‘intermediary’ type, which could have been specific places associated with larger settlements as seems to be the case at Beyssan
Les stèles provençales néolithiques gravées sont bien connues avec plus de cinquante exemplaires. Les deux stèles de Gargas ont été découvertes à l’occasion d’une prospection de surface sur les marges nord de la plaine du Calavon à environ 45 km à l’est d’Avignon. C’est là une région de grande densité de gisements néolithiques dont plusieurs ont fait l’objet de fouilles : la Brémonde à Buoux, les Martins à Roussillon, les Fabrys à Bonnieux et le dolmen de l’Ubac à Goult. La stèle 1 est entière mais localement altérée et sa surface est encroûtée. On peut cependant reconnaître un calcaire dense et fin. La forme est triangulaire. Les flancs et le sommet sont faiblement convexes. La face est légèrement concave et témoigne d’un travail de dressage avant la réalisation du décor. Au centre, la partie réservée n’est pas en creux comme c’est généralement le cas sur les stèles provençales. Elle est détériorée. Cette zone réservée verticale, est resserrée à mi-hauteur puis s’évase vers le bas. Les détails anatomiques, bloc sourcils-nez-yeux, ne sont pas visibles du fait de la détérioration, mais ce qui reste de la zone ne montre ni relief ni creux. De part et d’autre deux bandes margées verticales sont gravées de hachures obliques simples. À la partie supérieure, le décor est constitué de quatre registres : deux bandes horizontales lisses, une bande de chevrons simples horizontaux, deux bandes horizontales de hachures obliques de droite à gauche et une bande de chevrons doubles horizontaux. Le décor gravé est rehaussé de pigment rouge vif déterminé comme du cinabre. La stèle 2 n’est pas totalement intègre, la base est absente. L’ensemble de la surface est encroûté. Le matériau utilisé est un peu plus grenu que celui de la stèle 1. La surface de la face, plate à localement convexe, ne semble pas avoir été dressée. Le décor est gravé, rehaussé de couleur rouge vif, également du cinabre. Il est moins soigné que celui de la stèle 1. Il est organisé en trois zones autour de la surface réservée verticale qui ne porte ni creux, ni relief sculptés, ni apparemment de couleur. Les attributs anatomiques, bloc sourcils-nez-yeux, ne sont pas représentés. Les bandes verticales latérales sont constituées de hachures obliques. À la partie supérieure on observe deux bandes horizontales : une bande étroite dont le décor est difficilement lisible et au-dessus une frise de chevrons. La structure globale de ce décor est conforme à celle observée sur les autres stèles provençales, mais la bande centrale est originale par sa forme et l’absence de figuration. La localisation de la découverte, au nord du Luberon, dans la partie nord de l’aire de répartition des stèles provençales, confirme que plusieurs sont liées à la vallée du Calavon, comme d’autres le sont à celles de l’Arc et de la Durance. Si la structure du décor des stèles de Gargas est conforme à ce qui était connu, dans le détail il y a des aspects originaux : la forme du visage est à bords évasés vers le bas et ne fait apparaître ni le nez, ni les yeux. Les stèles de Gargas ont été recueillies en surface et le mobilier associé indique qu’il y avait là un contexte, probablement mal conservé du fait de la localisation du site et des labours successifs. Un premier examen montre une très grande homogénéité. L’industrie en silex taillé est très majoritairement sur silex « blond » de la région de Murs. La station a également livré des pièces en obsidienne du Monte Arci en Sardaigne. Bien que généralement privées de contexte les stèles provençales gravées sont bien datées. Elles ont toujours été attribuées au Chasséen récent. Elles seraient donc antérieures aux manifestations de la grande statuaire de la fin du Néolithique. Les découvertes de Gargas semblent le confirmer ; elles s’inscrivent dans un cadre chronoculturel de la fin du Néolithique moyen entre 3800 et 3600 av. J.-C. Si la datation des stèles provençales semble établie, il n’en n’est pas de même pour leur contexte précis et leur fonction. Un lien avec des faits funéraires peut-être évoqué, mais les stèles ne sont pas directement associées aux sépultures. Par ailleurs, aucune des grandes nécropoles à sépultures en fosses de la fin du Néolithique moyen ne livre de tels monuments. Il semblerait donc que les stèles provençales constituent un phénomène qui pourrait être associé à des locus particuliers d’établissements plus vastes comme cela est le cas apparemment à Beyssan.
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Citer

André d'Anna, Christiane Bosansky, Ludovic Bellot-Gurlet, François-Xavier Le Bourdonnec, Jean-Louis Guendon, et al.. Les stèles gravées néolithiques de Beyssan à Gargas (Vaucluse). Bulletin de la Société préhistorique française, 2015, 112 (4), pp.761-768. ⟨10.3406/bspf.2015.14599⟩. ⟨hal-01449407⟩
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